Haïti : L'Ère de la "Force de Répression" Commence – Un Pari Risqué pour Port-au-Prince
Haïti : L'Ère de la "Force de Répression" Commence – Un Pari Risqué pour Port-au-Prince
C'est un changement d'acronyme qui porte en lui l'espoir désespéré de tout un peuple, mais aussi le poids des échecs passés. Cette semaine, la transition opérationnelle entre la Mission Multinationale d'Appui à la Sécurité (MSS) et la nouvelle Force de Répression des Gangs (GSF) est entrée dans sa phase active sur le tarmac de l'aéroport Toussaint Louverture.
Lundi 8 décembre, un contingent frais de 230 officiers kenyans a débarqué à Port-au-Prince, venant relever leurs collègues et, surtout, incarner le nouveau visage de la réponse internationale. Contrairement à la MSS, qui a peiné à rassembler 1 000 hommes face à des gangs surarmés contrôlant 90 % de la capitale, la GSF affiche des ambitions militaires. Mandatée par la résolution 2793 de l'ONU, elle vise un effectif de 5 500 policiers et militaires et dispose de règles d'engagement nettement plus offensives.
Une Coalition Africaine au Chevet d'Haïti
Le fait marquant de cette nouvelle force est sa composition. Lors d'une réunion stratégique à New York le 9 décembre, il a été confirmé que l'Afrique prendrait le leadership des opérations au sol. Le Tchad a promis l'envoi de 1 500 hommes, épaulés par des troupes du Bénin, du Burkina Faso et de la Sierra Leone.14 Cette "africanisation" du maintien de la paix vise à éviter les écueils néocoloniaux, bien que le financement reste majoritairement occidental, le Canada venant d'injecter 40 millions de dollars supplémentaires pour la protection des femmes et des jeunes.
Scepticisme sur le Terrain
Pourtant, dans les rues de la capitale, l'accueil est mitigé. Pour une population qui compte désormais 1,4 million de déplacés internes, les promesses internationales ont un goût amer. "Nous avons vu la MINUSTAH, nous avons vu la MSS. Les gangs sont toujours là, et nous sommes toujours déplacés", témoigne un résident d'un camp de fortune.
Les gangs, eux, ne désarment pas. Jimmy "Barbecue" Cherizier continue de défier l'autorité de l'État, menaçant de marcher sur les institutions de transition. Avec des élections générales fixées à l'horizon d'août 2026, la GSF a moins d'un an pour inverser la vapeur et transformer une capitale assiégée en un terrain électoral praticable. Le compte à rebours est lancé, et il est sanglant.
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