Saint-Cyr à Washington : Mission Commando pour Sauver la Transition Démocratique

C'est une mission diplomatique à haut risque qui pourrait déterminer l'avenir politique d'Haïti pour la prochaine décennie. Laurent Saint-Cyr, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), est arrivé ce jeudi 11 décembre à Washington D.C. pour 48 heures de négociations intensives avec les partenaires internationaux d'Haïti.

Alors que Port-au-Prince reste sous la menace constante des gangs, l'agenda de Saint-Cyr dans la capitale américaine est clair : transformer les promesses de sécurité en réalité logistique et financière. En participant à la réunion du "Groupe des Amis d'Haïti" convoquée par l'Organisation des États Américains (OEA), le dirigeant haïtien tente de verrouiller le soutien nécessaire au déploiement total de la Force de Répression des Gangs (GSF).

L'Ombre de la Corruption et des Sanctions

La tâche est d'autant plus ardue que la confiance des donateurs est érodée. Pour prouver sa bonne foi, l'administration de transition a lancé une vaste opération "mains propres". L'Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a récemment recommandé des poursuites contre l'ancien président Michel Martelly et plusieurs hauts fonctionnaires, un signal fort envoyé à Washington. Parallèlement, les États-Unis maintiennent la pression en accusant certaines figures de l'élite économique, comme Dimitri Vorbe, de financer la déstabilisation du pays.

Des Élections en 2026 : Réalisme ou Utopie?

Au cœur des discussions figure la fameuse "Feuille de route de l'OEA". Le décret électoral haïtien a fixé au 30 août 2026 la date des prochaines élections générales. Une échéance qui semble lointaine mais qui, techniquement, exige une sécurisation immédiate du territoire. Saint-Cyr doit convaincre ses interlocuteurs que cette date n'est pas une fiction politique, mais un objectif atteignable.

Naviguant entre les critiques internes sur l'ingérence étrangère notamment celles de son collègue Fritz Jean  et les exigences de la realpolitik américaine, Laurent Saint-Cyr joue sa crédibilité politique. S'il revient les mains vides, c'est toute l'architecture de la transition qui pourrait s'effondrer.