Affaire Smith Augustin: les autorités dominicaines démentent les informations véhiculées dans la presse
Affaire Smith Augustin: les autorités dominicaines démentent les informations véhiculées dans la presse

Suivant un article de Diario Libre, la Direction générale de la Migration (DGM) de la République dominicaine a démenti l’arrestation du conseiller présidentiel haïtien Smith Augustin. Elle précise toutefois les circonstances particulières de son entrée sur le territoire dominicain le 30 juillet.
Dans un communiqué relayé par Diario Libre ce jeudi 7 août, la Direction générale de la Migration (DGM) dominicaine a nié que Smith Augustin, membre du Conseil présidentiel de transition (CPT), ait été arrêté lors de son passage en République dominicaine. Selon le journal dominicain, la DGM reconnaît toutefois que le conseiller est entré par le poste frontalier de Dajabón après la fermeture de la barrière binationale, accompagné du vice-consul haïtien « Levaux Herns » et que les procédures migratoires normales n’ont pu être complétées.
Face à cette irrégularité, les autorités migratoires dominicaines ont convoqué Smith Augustin le lendemain, afin qu’il régularise sa situation. Toujours selon Diario Libre, le communiqué précise qu’à aucun moment l’officiel haïtien n’a été détenu ou interrogé. La version officielle aurait parlé d’une démarche administrative conforme aux pratiques de gestion des frontières.
Cependant, selon des révélations publiées par le quotidien haïtien Le Nouvelliste auparavant, soit le 5 août, l’incident a pris une tournure diplomatiquement plus délicate. D’après des sources citées par le journal, Smith Augustin aurait refusé de se faire contrôler par les agents dominicains à son arrivée, affirmant qu’il s’agissait d’une brève course. Son passeport n’aurait pas été tamponné.
Selon le media, le conseiller présidentiel aurait ensuite quitté Dajabón pour se rendre à Santiago puis à Santo Domingo, sans autorisation préalable. Suivi discrètement par les services de renseignement dominicains, il aurait été convoqué par l’immigration à Santo Domingo le 1er août à 10h du matin.
Toujours selon Le Nouvelliste, Smith Augustin aurait été retenu pendant environ quatre heures dans les locaux de l’immigration, sans explication, et libéré après l’intervention de l’ambassadeur haïtien Fritz Longchamp, qui a également informé le CPT de la situation. Son passeport lui aurait été restitué, et il aurait quitté le territoire par voie terrestre dans l’après-midi.
En outre, les autorités dominicaines ont catégoriquement rejeté ces versions parlant d’interpellation ou de détention. Aucune indication officielle ne précise si des sanctions sont envisagées contre le vice-consul Herns Laveaux, qui l’accompagnait.
Il convient de rappeler que le conseiller Smith Augustin est un ancien ambassadeur d’Haïti en République dominicaine et connaît bien les pratiques douanières entre les deux États.
Du côté haïtien, la présidence a déjà publié une note de clarification le 6 août, niant toute forme d’arrestation ou de mauvais traitement. Elle qualifie les rumeurs d’« infondées » et affirme que le déplacement du conseiller s’est déroulé dans le respect des protocoles diplomatiques. Elle condamne également ce qu’elle qualifie de « campagne de désinformation » et appelle à une meilleure vérification des faits par les médias.
Enfin, l’incident survient dans un contexte de tensions diplomatiques persistantes entre Haïti et la République dominicaine, marqué notamment par la fermeture de la frontière et les expulsions fréquentes de ressortissants haïtiens. Pour rappel, les membres du CPT avaient décliné l’invitation à l’investiture du président Luis Abinader en 2024, évoquant alors le climat hostile à l’égard des Haïtiens.
Ce nouveau couac survient alors que les relations entre Haïti et la République dominicaine demeurent particulièrement tendues. La frontière reste partiellement fermée, tandis que les expulsions de ressortissants haïtiens s’intensifient. Depuis janvier, les autorités dominicaines ont déjà renvoyé plus de 215 000 Haïtiens dans leur pays dans le cadre d’un programme de déportation agressif, malgré les appels répétés d’organisations internationales à suspendre ces pratiques en raison de la crise humanitaire sévissant en Haïti.
Parallèlement, un mur est en cours de construction sur certains tronçons de la frontière longue de près de 400 kilomètres.
Cette semaine encore, un incident confus s’est produit près de cette clôture frontalière : un citoyen haïtien a été tué et un militaire dominicain blessé. Dans ce contexte de crispation, les conséquences humaines ne cessent de s’aggraver. Très récemment, une femme enceinte et son bébé sont morts dans la municipalité de Verón, faute d’avoir pu accéder à des soins médicaux, un drame révélateur de l’impact tragique des politiques migratoires et sanitaires dominicaines.
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