Zelensky et Scholz signent un pacte de sécurité « historique »

Zelensky et Scholz signent un pacte de sécurité « historique »

Feb 16, 2024 - 11:46
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Zelensky et Scholz signent un pacte de sécurité « historique »

(Berlin et Kyiv) Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont signé vendredi à Berlin un accord de sécurité qualifié d’« historique » par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire » contre l’agresseur russe.

« Deux ans après le début de cette guerre épouvantable, nous envoyons aujourd’hui un message très clair au président russe [Vladimir Poutine] : nous ne relâcherons pas notre soutien à l’Ukraine », a averti le dirigeant allemand lors d’une conférence de presse aux côtés de Volodymyr Zelensky.

Berlin est la première étape d’une tournée européenne du président ukrainien pour demander un accroissement du soutien militaire pour son pays en grande difficulté face à la Russie.

Il se rendra dans la foulée à Paris pour la signature d’un accord comparable avec le président français Emmanuel Macron.

« Les efforts d’aujourd’hui en faveur de l’Ukraine ne sont rien face à ceux que nous devrions déployer contre une Russie qui se sentirait victorieuse », a souligné le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné dans une tribune publiée vendredi dans le journal Le Monde.

« Document sans précédent »

Cette échappée diplomatique est cruciale pour M. Zelensky au moment où la situation s’est considérablement dégradée sur le front ukrainien. Dans l’est du pays, la ville d’Avdiïvka est l’épicentre de « combats acharnés » et menace désormais de tomber après des mois d’assauts russes.

« Notre accord de sécurité est un document bilatéral vraiment sans précédent », a souligné le président ukrainien.

Illustration de l’engagement allemand : le texte signé contient une aide militaire supplémentaire et immédiate d’un montant de 1,1 milliard d’euros.

Il prévoit également de soutenir l’Ukraine après la guerre pour qu’elle se dote d’une armée moderne capable de repousser d’autres attaques de la Russie à l’avenir.

Ces accords de sécurité sont censés donner à Kyiv des garanties de soutien sur le long terme, en attendant une éventuelle intégration du pays à l’OTAN. Le Royaume-Uni a été le premier à conclure un tel accord avec Kyiv en janvier.

Lors du dernier sommet de l’OTAN à Vilnius en juillet 2023, les pays membres de l’organisation, États-Unis et Allemagne en tête, avaient déçu les attentes de l’Ukraine-et de nombreux pays d’Europe orientale-en ne fixant pas de calendrier pour une adhésion du pays à cette alliance de défense.

Les puissances du G7 avaient donc décidé de négocier avec Kyiv des partenariats bilatéraux. Vingt-cinq autres États se sont joints à cette initiative, comme la Pologne.

A quelques jours du deuxième anniversaire de l’invasion russe, le 24 février, l’Ukraine est confrontée à de multiples défis : les troupes russes sont à l’offensive, l’aide militaire américaine est toujours dans les limbes et l’armée ukrainienne manque d’hommes, d’armes, de munitions.

« Un cadeau à Poutine »

Volodymyr Zelensky poursuivra samedi sa mini-tournée diplomatique à la Conférence sur la sécurité de Munich (MSC), le rendez-vous annuel de l’élite de la géopolitique dans le sud de l’Allemagne, qui se tient jusqu’à dimanche.

Il y rencontrera notamment la vice-présidente américaine Kamala Harris.

Quelque 180 hauts représentants gouvernementaux sont attendus à ce « Davos de la défense ».

Kyiv espère depuis des mois le vote d’une aide cruciale de 60 milliards de dollars décidée par l’administration de Joe Biden, en campagne pour un deuxième mandat, mais entravée par l’opposition républicaine sous influence de Donald Trump.

Un échec à débloquer cette aide au Congrès américain reviendrait à « faire un cadeau à Poutine », a averti Mme Harris vendredi dans un discours à la Conférence.

Si l’Ukraine est de nouveau au cœur des débats à cette conférence, le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas, la catastrophe humanitaire à Gaza et la menace d’escalade au Moyen-Orient, tiendront aussi une place prédominante.

La signature de l’accord de sécurité à Berlin et le début de la conférence à Munich ont été assombris par l’annonce de la mort en prison d’Alexeï Navalny, la plupart des officiels pointant la responsabilité de Vladimir Poutine.

Très émue, Ioulia Navalnaïa, l’épouse de l’opposant au Kremlin, est intervenue à Munich pour appeler à ce que Poutine et son entourage soient « punis » et « traduits en justice » pour « ce qu’ils ont fait à notre pays, à ma famille et à mon mari », recueillant des applaudissements nourris des participants, debout, dans la salle de conférence.

Kyiv annonce le retrait d’une position près d’Avdiïvka

L’armée ukrainienne a annoncé vendredi s’être retirée « avec des pertes mineures » d’une position qu’elle tenait au sud d’Avdiïvka, ville de l’est de l’Ukraine où la situation s’est considérablement dégradée ces derniers jours face à la multiplication des assauts russes.

L’Ukraine risque de devoir abandonner cette localité, aujourd’hui largement détruite, confrontée à un manque de moyens croissant, l’aide militaire américaine étant bloquée, alors que la Russie, qui a plus d’hommes et de munitions, peut espérer une conquête, à quelques jours du deuxième anniversaire du début de l’invasion le 24 février.

Il s’agirait dans ce cas de la plus grande victoire symbolique de la Russie après l’échec de la contre-offensive de Kyiv l’été dernier.

« Nous avons occupé cette position aussi longtemps qu’elle nous permettait de dissuader et de détruire efficacement l’ennemi. La décision de se retirer a été prise pour économiser du personnel et améliorer la situation opérationnelle », a écrit sur Telegram Oleksandre Tarnavsky, le général ukrainien qui commande cette zone.

Le retrait de cette position fortifiée s’est déroulé « avec des pertes mineures », a-t-il assuré. « Dans d’autres zones menacées, si nécessaire, les troupes manœuvrent également vers de nouvelles positions préparées pour continuer à […] tenir la ville ».  

Peu après, M. Tarnavsky a fait état de « combats acharnés » dans la ville où « l’ennemi continue d’attaquer depuis plusieurs directions simultanément ». Il a toutefois assuré que l’envoi de renforts et de munitions supplémentaires aux troupes ukrainiennes sur place se poursuivait.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, M. Tarnavsky avait déjà annoncé l’envoi de renforts à Avdiïvka et la préparation de nouvelles positions défensives, en cas de retrait.

Situation « critique »

Selon Kyiv, l’armée russe multiplie les vagues d’assaut depuis octobre pour prendre cette cité industrielle, malgré des pertes humaines très importantes, une situation rappelant la bataille de Bakhmout, ville que Moscou a conquise en mai 2023 après 10 mois de combats au prix de dizaines de milliers de morts ou de blessés.

« La situation est critique », a déclaré vendredi à la télévision le porte-parole de la 3e brigade d’assaut Oleksandre Borodine, une unité ukrainienne envoyée ces derniers jours en renfort pour défendre la ville, et qui avait déjà combattu à Bakhmout.

« Là-bas [à Bakhmout, NDLR], c’était difficile, maintenant c’est extrêmement difficile » à Avdiïvka, a-t-il estimé. Jeudi, la 3e brigade avait même qualifié sur place la situation d’« enfer ».

La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait promis de faire « tout ce qui est possible » pour sauver ses troupes à la peine sur le front oriental, en particulier à Avdiïvka.

Après l’échec de la contre-offensive estivale ukrainienne, ce sont les Russes qui sont passés à l’assaut, face à une armée ukrainienne qui peine à regarnir ses rangs et en manque de munitions.

La Maison-Blanche a de son côté relevé que « Avdiïvka risque de tomber sous contrôle russe », et cela alors que l’aide militaire promise par les États-Unis est bloquée depuis des mois par les rivaux républicains du président Joe Biden, au risque de faire le jeu de Vladimir Poutine.  

Cette cité a une valeur symbolique importante. Elle était brièvement tombée en juillet 2014 aux mains de séparatistes pilotés par Moscou, avant de revenir sous contrôle ukrainien et de le rester malgré l’invasion du 24 février 2022 et sa proximité avec Donetsk, bastion des partisans de la Russie depuis 10 ans.

Elle est aujourd’hui en grande partie détruite, mais quelque 900 civils y demeurent selon les autorités locales. Moscou espère que sa capture rendra plus difficiles les bombardements ukrainiens visant Donetsk.

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