Haïti-Environnement : Mise en garde contre l’exploitation d’une mine d’or à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine
Haïti-Environnement : Mise en garde contre l’exploitation d’une mine d’or à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine
Des actrices et acteurs haïtiens et dominicains de l’environnement attirent l’attention sur la menace de l’exploitation d’une mine d’or à la frontière Dajabón/Ouanaminthe entre la République Dominicaine et Haïti, révèle un article publié sur le site d’Ayibopost et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Une entreprise canadienne attendrait « très bientôt » l’obtention d’un permis pour exploiter une importante mine d’or à la lisière d’Haïti, au niveau de Dajabón, en République Dominicaine, indique Ayibopost.
En effet, plus de 20 mille hectares de terre seraient déjà attribués à la société Unigold, une société canadienne d’exploration de ressources minières, pour l’exécution de ce projet d’exploitation minière.
Contacté sur ce vaste projet, qui concerne le cadre environnemental des deux pays de l’Ile, le directeur général du Bureau des mines et de l’énergie (Bme) en Haïti, l’ingénieur géologue Claude Preptit, affirme « ne pas avoir été mis au courant de cette initiative », selon les propos rapportés par AyiboPost.
« Ceci doit être traité de manière diplomatique. C’est ce que je pense », a répondu l’ingénieur géologue, soulignant combien l’investissement minier est suspendu en Haïti depuis 2013.
« Depuis 2006, cependant, le Bureau des mines et de l’énergie a délivré 50 permis d’exploration, aujourd’hui caducs, et trois permis d’exploitation à des sociétés minières étrangères et leurs filiales », selon ce qu’a précisé Claude Preptit.
« Les conditions ne sont pas réunies pour une exploitation minière en Haïti au profit de la population. Les permis d’exploitation doivent être renégociés et l’autorité de l’État doit être rétablie pour contrôler ces compagnies fiscalement et en matière de respect de l’environnement ».
Ce dossier d’éventuelle exploitation d’une mine d’or à la frontière Dajabón/Ouanaminthe entre la République Dominicaine et Haïti, révélé au grand public par le site Ayibopost, suscite déjà de vives réactions, notamment chez des militantes et militants écologiques en République Dominicaine, dans le contexte d’une polémique entre les deux pays de l’Ile sur la construction d’un canal à la rivière Massacre à Ouanaminthe.
L’éventuelle exploitation de cette mine d’or à la frontière haïtiano-dominicaine provoquerait des catastrophes environnementales, telles que la contamination des rivières de l’Artibonite, Massacre ou la Libon, selon les militantes et militants écologiques.
« Le projet pourrait également entraîner l’empoisonnement en masse d’animaux, des maladies et d’autres conséquences négatives pour les populations haïtiennes et dominicaines des deux côtés de la frontière ».
À côté des contaminations, souligne Ayibopost, les mines consomment beaucoup d’eau. Il faut en moyenne 500,000 litres pour extraire et laver 1 kg d’or.
Risques de faire face à « une piscine de déchets, susceptibles de perdurer durant des générations »
« Deux pays (la République Dominicaine et Haïti) se battent sur un canal qui ne signifie rien. Mais une entreprise va prendre toute l’eau de la région pour ses opérations et l’on ne voit pas ça », déplore le prêtre catholique romain Osvaldo Concepción, directeur du Centro Montalvo, une organisation jésuite qui accompagne les migrantes et migrants haïtiens en République Dominicaine.
Une éventuelle exploitation minière à la frontière haïtian0-dominicaine risque de laisser « une piscine de déchets, dont les effets vont perdurer pendant des générations ».
« Ce canal (rivière Massacre) dévie l’attention des deux peuples de l’exploitation de ces mines », déclare à AyiboPost le militant écologiste Ruben Vilalona.
Des mobilisations sont annoncées à Dajabón pour tenter de faire échec au projet d’exploitation minière de la compagnie canadienne Unigold qui, de son côté, promettrait de produire, après l’approbation de la concession d’exploitation, une évaluation de l’impact environnemental et social du projet.
L’annonce de l’obtention du contrat a été faite en grande pompe par la Compagnie Unigold en avril 2023. Le permis d’exploitation s’étendrait sur une période de 75 ans.
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