Alphabétisation : Haïti lance une campagne nationale pour briser le cercle de l’analphabétisme

Sous le thème « Alfabetizasyon pou yon Ayiti san Analfabèt », le gouvernement haïtien a lancé, mercredi 10 septembre 2025, une grande campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation en faveur de l’alphabétisation. La cérémonie, tenue au Lycée national de Pétion-Ville, a rassemblé responsables gouvernementaux, enseignants, acteurs communautaires et partenaires internationaux, déterminés à faire reculer un phénomène qui freine le développement du pays.

L’initiative survient deux jours après la commémoration de la 59e Journée internationale de l’alphabétisation, célébrée le 8 septembre à l’hôtel Karibe en présence de représentants du gouvernement, de l’UNESCO et de l’Académie du créole haïtien. Cette année, la réflexion s’est centrée sur l’urgence de mettre fin à un fléau qui prive encore des milliers d’Haïtiens de leurs droits fondamentaux.

Le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, Me Mozart Clérisson, a insisté sur le rôle crucial de cette mobilisation. « L’alphabétisation ne doit jamais s’arrêter. Si elle s’arrête, c’est comme se laver les mains pour les essuyer par terre. Nous devons faire mieux », a-t-il déclaré devant une assemblée attentive.

C’est dans le quartier animé de Pétion-Ville que les autorités ont choisi de lancer cette vaste campagne. Selon Me Clérisson, il s’agit d’un point de départ stratégique. « Nous commençons dans l’Ouest, mais notre ambition est claire : déployer ce programme dans tous les départements du pays. Nous devons atteindre chaque citoyen, où qu’il soit », a-t-il affirmé avec détermination.

Les autorités estiment que cette mobilisation doit aller au-delà des discours officiels. C’est pourquoi plusieurs centres d’alphabétisation seront ouverts dans les prochaines semaines, et chaque personne y sera identifiée et accompagnée de manière personnalisée.

L’événement du 10 septembre a donné la parole à différents cadres impliqués dans ce projet. Marta Ketlene François, directrice à l’évaluation, a rappelé que la lutte contre l’analphabétisme est une nécessité pour le développement national. « Ce n’est pas normal, dans un pays comme le nôtre, qu’un adulte ne puisse pas lire un simple message texte. Une personne ne devrait pas avoir honte d’apprendre. Nous devons lui donner cette chance », a-t-elle plaidé.

Frantz Louissaint, coordinateur départemental et responsable des partenariats, a souligné l’importance d’un engagement collectif. « Si nous voulons un autre pays, il faut alphabétiser notre peuple. La réalité a changé, tout le monde doit pouvoir lire et écrire pour mieux fonctionner dans la société », a-t-il insisté.

Pour Ronald Pierre, cadre du Secrétariat de l’Alphabétisation, ce projet marque le début d’une véritable transformation sociale. « Nous voulons mener une révolution dans la tête des personnes qui ne savent ni lire ni écrire. En seulement 17 semaines, elles pourront acquérir ces compétences de base », a-t-il expliqué, en appelant les communautés locales à accompagner le programme.

Ces propos reflètent la volonté du gouvernement et de ses partenaires d’offrir des solutions concrètes et rapides, avec une approche centrée sur les besoins des apprenants.

L’initiative bénéficie du soutien de plusieurs institutions, dont le ministère de l’Éducation nationale, le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes, ainsi que l’UNESCO. Pour Me Clérisson, cette collaboration est essentielle : « Seule une alliance solide entre l’État, la société civile et les partenaires techniques permettra de relever ce défi. Nous devons avancer main dans la main. »

Haïti fait face à un taux d’analphabétisme qui dépasse encore 30 %, selon les estimations des organisations internationales. Ce chiffre illustre les inégalités persistantes dans l’accès à l’éducation. Pour les autorités, il est impossible de bâtir une société moderne et démocratique sans garantir ce droit fondamental à chaque citoyen.

« Un pays où une grande partie de la population ne sait pas lire ne peut pas se développer. C’est une évidence. Notre mission est de changer cette réalité, coûte que coûte », a martelé Me Clérisson.

Au-delà des discours, la campagne se veut un appel à la solidarité. Les centres communautaires, les églises, les associations locales et les organisations internationales seront mobilisés pour toucher le plus grand nombre.

« L’alphabétisation est un outil de dignité et de liberté. Nous devons offrir cette opportunité à chaque citoyen, sans exception », a conclu le secrétaire d’État, sous les applaudissements du public.