Olaf Scholz et sa coalition fragilisés

Olaf Scholz et sa coalition fragilisés

Jun 10, 2024 - 09:52
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Olaf Scholz et sa coalition fragilisés

(Berlin) Après sa cinglante défaite aux élections européennes, la coalition allemande d’Olaf Scholz, déjà à couteaux tirés, apparaît plus fragile que jamais et les appels à un changement de cap, voire des législatives anticipées, se multiplient.

Réclamé par l’extrême droite et des ténors conservateurs, l’idée d’un scrutin anticipé n’a été envisagée « à aucun moment, pas une seconde », s’est empressé de répliquer lundi le porte-parole du chancelier Steffen Hebestreit, pointant la différence entre les systèmes politiques français et allemand.

Les sociaux-démocrates (SPD) ont encaissé une défaite historique qui pourrait sérieusement remettre en cause une nouvelle candidature d’Olaf Scholz lors des législatives prévues à l’automne 2025.

Avec 13,9 % des suffrages, selon des résultats provisoires, les sociaux-démocrates ont essuyé leur plus mauvais résultat à un scrutin national depuis 1949, pire que leur score aux élections européennes de 2019 (15,8 %), en chute libre par rapport aux législatives de 2021 (25,7 %).

Ils sont devancés par les conservateurs (30 %) et l’extrême droite, l’AfD (15,9 %), dont les électeurs n’ont pas été dissuadés par le discours radical du parti et une récente série de scandales.

« Risque de paralysie »

Pour les partenaires de gouvernement de M. Scholz, les Verts (11,9 %) et les libéraux (5,2 %), le réveil est tout aussi brutal.

Cette « coalition des perdants », comme la désigne le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung, obtient des résultats encore plus calamiteux dans l’est de l’Allemagne où se tiendront, pour trois Länder, des élections régionales en septembre. L’extrême droite arrive largement en tête du scrutin de dimanche dans ces régions.

« Scholz s’est fortement investi dans cette campagne et cela n’a servi à rien. Au contraire, sa forte présence a peut-être même renforcé la tendance à la baisse » pour son parti, assène l’hebdomadaire Der Spiegel. « Après cette défaite personnelle, il doit dire comment il veut continuer à diriger […] Sinon le pays risque la paralysie », prévient-il.

Contrairement au président Emmanuel Macron, Olaf Scholz n’a pas réagi dimanche aux résultats.

« Pour Olaf Scholz, les mots “conséquences” et “grandeur” sont du chinois en ce qui concerne son rôle de chancelier », fustige le quotidien conservateur Die Welt.

« Emmanuel Macron a montré ce que cela signifie de tirer les conséquences […] Olaf Scholz devrait suivre. Un chancelier ne peut pas être issu d’un parti qui fait un score de 14 % », ajoute-t-il.

Lundi, le conservateur bavarois Markus Söder et la co-présidente de l’AfD Alice Weidel ont appelé à de nouvelles élections.

Moins direct, le chef des conservateurs de la CDU Friedrich Merz, potentiel candidat à la chancellerie de son parti, a déclaré ne pas exclure « expressément la possibilité d’une élection en 2024, mais la décision revient au chancelier ».

Lors d’une conférence de presse, il a rappelé que l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait convoqué un scrutin anticipé en 2005, mais après un revers dans une élection régionale.

Meilleur candidat

Jusqu’ici, le plus vieux parti d’Allemagne serrait les rangs derrière son chef. Mais le score du SPD dimanche a relancé le débat : « Avec 14 %, personne n’a la prétention incontestée de diriger » le parti, a déclaré l’ancien chef des sociaux-démocrates, Sigmar Gabriel.

Parmi les potentiels remplaçants, le populaire ministre de la Défense, Boris Pistorius. La question de savoir si ce dernier ne serait pas le meilleur candidat pour 2025 « va revenir en force », estime Süddeutsche Zeitung.

Pour les écologistes, le résultat montre que le climat ne mobilise plus : ils avaient obtenu près de 9 points de plus à 20,5 % en 2019.

« Le combat contre le changement climatique était il y a cinq ans un sujet qui permettait de marquer des points, maintenant c’est un poids », constate Der Spiegel.

La coalition d’Olaf Scholz va être très rapidement confrontée aux premières séquelles de son échec, avec les négociations pour le budget 2025 qui doit être présenté début juillet.

Face aux coupes exigées par le ministre libéral des Finances, Christian Lindner, la bataille promet d’être sans pitié avec les écologistes et les sociaux-démocrates. Sous le regard des électeurs qui ont exprimé dimanche leur lassitude de ces joutes de pouvoir.

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