Le soutien de Washington dépendra des mesures pour protéger les civils
Le soutien de Washington dépendra des mesures pour protéger les civils
Le président américain Joe Biden a déclaré jeudi au premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou que la poursuite de son soutien à l’opération à Gaza dépendrait des mesures prises pour protéger les civils palestiniens, et appelé à un « cessez-le-feu immédiat ».
M. Biden « a clairement indiqué que la politique américaine à l’égard de Gaza serait déterminée par notre évaluation de mesures concrètes prises par Israël », en ce sens, a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué rendant compte d’un entretien téléphonique entre les deux dirigeants.
C’est la première fois que le président américain laisse ainsi entendre que les États-Unis pourraient poser des conditions à leur appui à Israël.
Joe Biden, qui a jugé « inacceptables » les frappes israéliennes ayant visé des travailleurs humanitaires, a également exhorté Benjamin Nétanyahou à « conclure sans délai un accord » pour un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza.
Le président américain s’était dit mardi « indigné » après la mort lundi de sept volontaires humanitaires à Gaza, dont six étrangers, tués par une frappe israélienne.
Les relations entre les deux alliés se sont davantage crispées depuis que Washington a permis fin mars le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat » rejeté par Israël.
Opérations à Khan Younès
La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après l’attaque sans précédent de commandos du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël. Elle a entraîné la mort de 1170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l’attaque et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues, parmi lesquelles, selon l’armée israélienne, 34 sont mortes.
En représailles, Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, s’étant juré d’anéantir le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007 et qui est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, Israël et l’Union européenne notamment.
L’armée israélienne a indiqué jeudi qu’elle poursuivait ses opérations dans le centre de la bande de Gaza ainsi qu’à Khan Younès (sud). En 24 heures, 62 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère de la Santé du Hamas.
À Rafah, plus au sud, Ashraf, un Gazaoui, pleure ses deux filles tuées lors d’une frappe aérienne israélienne, selon un photographe de l’AFP. Portant des marques de sang au visage, elles sont enveloppées dans un linge blanc.
La communauté internationale ne cesse d’exhorter Israël à protéger les civils à Gaza, sur fond d’inquiétudes d’une opération terrestre, voulue par M. Nétanyahou, à Rafah, où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l’ONU.
Alors que se multiplient aussi les appels à un cessez-le-feu, des négociations indirectes entre les belligérants sous l’égide de médiateurs internationaux – Qatar, États-Unis, Égypte – en vue d’une trêve ainsi qu’un échange d’otages et prisonniers palestiniens n’ont jusqu’ici rien donné, les deux parties se renvoyant la responsabilité de l’absence de progrès.
« Nous avons informé tard hier soir [mercredi] les médiateurs que nous restons attachés à notre proposition », a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse à Beyrouth Oussama Hamdan, un responsable du Hamas, en référence notamment au retrait israélien de Gaza, à l’intensification de l’aide humanitaire et un échange otages-prisonniers.
« Parachutage d’aide »
Selon une étude jeudi de l’ONG Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec 245 calories par jour, soit « moins d’une boîte de haricots », ce qui, selon l’ONG, représente « moins de 12 % des besoins caloriques quotidiens moyens ».
À la suite de la frappe dont elle a été victime lundi, l’ONG WCK, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations via un couloir maritime depuis Chypre, accroissant les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d’habitants.
« Les livraisons de farine sont retardées […] Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d’autres produits essentiels », a dit mercredi un habitant de la ville de Gaza qui tentait de récupérer des denrées alimentaires.
« Nous dormons dans la rue, dans le froid, sur le sable, endurant des épreuves pour assurer la nourriture de nos familles », a témoigné un autre Gazaoui.
Les efforts internationaux se multiplient pour tenter d’acheminer davantage d’aide, notamment par parachutage, via un pont aérien d’aide depuis la Jordanie. Jusqu’à présent, le royaume a effectué 71 largages au-dessus de Gaza et a participé à 147 autres largages avec d’autres pays, selon l’armée jordanienne.
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