Cap-Haïtien : fiers mais allergiques à la vérité
Cap-Haïtien : fiers mais allergiques à la vérité

Le Cap-Haïtien croule aujourd’hui sous les ordures, la poussière et un laisser-aller qui saute aux yeux de quiconque y met les pieds. Mais attention, il ne faut surtout pas le dire à voix haute. Car au Cap, admettre l’évidence semble plus grave que de vivre au milieu des déchets.
Dernier exemple en date : le chanteur guadeloupéen Antonny Drew, en tournée en Haïti aux côtés de l’artiste capoise Anie Alerte, a souligné ce que tout le monde voit mais que beaucoup préfèrent ignorer : « la ville est sale ». Un simple constat, une vérité nue, sans filtre. Résultat ? Tollé général. Des Capois se sont indignés, certains allant jusqu’à s’en prendre verbalement à l’artiste, comme si dénoncer la saleté constituait une insulte à leur fierté historique.
Au lieu de s’organiser pour nettoyer leur ville et montrer que leur héritage christophien est plus qu’un slogan, certains Capois préfèrent se draper dans une susceptibilité mal placée. Leur fierté, semble-t-il, supporte la crasse quotidienne, mais pas un commentaire étranger.
Être fier de sa ville devrait commencer par la rendre vivable, pas par attaquer ceux qui osent dire tout haut ce que chacun murmure tout bas. La Cité christophienne a tout pour briller, mais tant que ses habitants choisiront de défendre l’indéfendable plutôt que de retrousser leurs manches, la « deuxième ville du pays » restera surtout la première en matière de susceptibilité.
What's Your Reaction?






