Coup de force à Los Angeles
Coup de force à Los Angeles

Migrants et police de l’immigration. Manifestants et forces de l’ordre. Républicains et démocrates. La Californie, où Donald Trump a déployé la Garde nationale contre l’avis des autorités locales, est au cœur de confrontations tous azimuts.
La mairesse de Los Angeles a dénoncé dimanche le déploiement de la Garde nationale dans les rues de sa ville.
La tension est à son comble à Los Angeles. Des membres de la Garde nationale, envoyés par Donald Trump malgré l’opposition des autorités locales, ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur des manifestants s’opposant à la politique migratoire de Washington. Le président a indiqué qu’il était prêt à envoyer des troupes dans le pays partout où ce serait nécessaire.
Les rues de Los Angeles étaient encore tranquilles lorsque les premiers de quelque 2000 membres de la Garde nationale – normalement déployée en cas de catastrophe naturelle ou de guerre – sont débarqués à Los Angeles dimanche matin, sur ordre de la Maison-Blanche.
Vers le milieu de la journée, des centaines de manifestants étaient massés devant le centre de détention métropolitain de Los Angeles, où des personnes ont été détenues à la suite de raids d’agents des Services de l’immigration et des douanes (ICE).
« ICE, c’est l’institution favorite de Donald Trump et celle qui, à l’heure actuelle, connaît la résurgence de moyens et d’objectifs la plus importante », explique le président de l’Observatoire sur les États-Unis de l’UQAM, Charles-Philippe David. « Elle a comme objectif de déporter les résidents irréguliers, qu’ils appellent illégaux », ajoute-t-il.
Les agents de l’ICE sont fortement présents à Los Angeles, où l’on retrouve la plus importante communauté hispanophone aux États-Unis.
« Vous devriez avoir honte ! », « retournez à la maison ! », criaient des manifestants aux membres de la Garde nationale, équipés de boucliers antiémeutes. Des participants ont lancé des objets vers des policiers, en plus d’incendier des véhicules.
Au fil des heures, les manifestants se sont multipliés, bloquant trois intersections importantes, dont l’entrée de l’autoroute 101. Alors que certains d’entre eux s’approchaient, des membres de la Garde nationale ont lancé des grenades fumigènes. Quelques minutes plus tard, la police de Los Angeles tirait des munitions antiémeutes pour disperser les manifestants. Elle a demandé à tous de quitter les lieux, menaçant de procéder à des arrestations à vue.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs images ont circulé montrant des participants blessés, notamment après avoir été poussés par des boucliers, ou frappés par des matraques. La correspondante australienne Lauren Tomasi a quant à elle été atteinte à une jambe par une balle en caoutchouc lors d’un reportage à la télévision en direct. La veille, le photojournaliste britannique Nick Stern avait été blessé par ce même type de munition.
« Je traversais la rue quand j’ai ressenti une forte douleur à la jambe », a-t-il confié au Guardian. « J’ai eu comme un trou de cinq centimètres dans la jambe, avec des muscles qui pendaient et du sang partout », a-t-il raconté, après avoir subi une intervention chirurgicale aux urgences.
« Abus de pouvoir alarmant »
Des vidéos diffusées par les médias locaux ont montré des policiers utilisant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser des foules à Paramount et Compton. Malgré ces scènes, la police locale a indiqué que les rassemblements se sont tenus de manière « généralement pacifique ».
Donald Trump a martelé son désaccord. Selon lui, la Californie a réagi trop lentement aux manifestations. « Vous avez des gens violents et on ne va pas les laisser s’en tirer », a souligné le président républicain.
C’est pourquoi il a ordonné le déploiement de la Garde nationale, pour 60 jours, malgré l’opposition du gouverneur de la Californie, le démocrate Gavin Newsom, soutenu par ses pairs. « La décision du président Trump de déployer la Garde nationale en Californie est un abus de pouvoir alarmant », ont insisté les gouverneurs démocrates de partout au pays dans un communiqué commun.
Le déploiement de la Garde nationale « est la dernière chose dont Los Angeles a besoin », a décrié la mairesse Karen Bass, le jugeant « complètement disproportionné ». « Les gens sont terrifiés », a-t-elle ajouté.
Donald Trump a fait monter la pression lors d’un point de presse, dimanche, indiquant qu’il « n’écartait pas » la possibilité d’envoyer des membres des marines à Los Angeles.
Il s’agit de la première fois que la Garde nationale est déployée sans l’aval du gouverneur local depuis mars 1965, selon l’ancien chef de l’ONG Human Rights Watch Kenneth Roth. À ce moment allait se tenir la marche pour les droits civiques des Afro-Américains partant de Selma pour se rendre à Montgomery, en Alabama.
« Selon la loi, la Garde nationale ne peut être déployée que lorsque le gouverneur le demande, ou s’il y a une insurrection, une calamité ou un sinistre. On est loin de cela à Los Angeles », considère Charles-Philippe David.
Raids importants
Selon Donald Trump, les manifestants de Los Angeles empêchent les membres de l’ICE de « faire leur travail ». Cette unité mène d’importantes opérations d’arrestations partout aux États-Unis depuis des semaines dans les rues, les commerces ou même les tribunaux.
Ils recherchent et arrêtent des immigrants sans statut légal permanent. Ces perquisitions très médiatisées marquent une nouvelle phase de la répression de l’immigration par l’administration Trump.
Selon la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, 35 Mexicains ont été arrêtés aux États-Unis au cours des derniers jours.
« Les Mexicains qui vivent aux États-Unis sont […] des hommes et des femmes honnêtes qui sont allés chercher une vie meilleure et subvenir aux besoins de leur famille. Ce ne sont pas des criminels », a-t-elle insisté.
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