L’Iran réitère son refus de négocier « sous la pression et l’intimidation »
L’Iran réitère son refus de négocier « sous la pression et l’intimidation »

(Bagdad) L’Iran a répété lundi qu’il ne négociera pas « sous la pression et l’intimidation » sur son programme nucléaire, après l’annulation par Washington d’une dérogation aux sanctions qui permettait à l’Irak d’acheter de l’électricité à son voisin.
Les États-Unis ont confirmé dimanche qu’ils n’avaient pas renouvelé cette dérogation accordée à Bagdad depuis 2018. Il s’agit de « s’assurer que nous ne permettions pas à l’Iran de bénéficier d’un quelconque allègement économique ou financier », a indiqué le département d’État dans un communiqué.
Le président américain, Donald Trump, a réclamé des négociations avec Téhéran pour encadrer son programme nucléaire et d’armement.
Mais il a aussi remis en place la politique dite de « pression maximale » initiée lors de son premier mandat (2017-2021), afin d’affaiblir le pays économiquement et de l’isoler sur la scène internationale.
La mission iranienne à l’ONU a déclaré dimanche sur X que l’Iran pourrait « envisager » des négociations avec les États-Unis sur son programme nucléaire, à condition qu’elles portent sur une « éventuelle militarisation » et non sur l’arrêt absolu de son développement.
Lundi, le ministre iranien des Affaires étrangères Seyed Abbas Araghchi a semblé contredire cette affirmation. « Le programme d’énergie nucléaire de l’Iran a toujours été et restera toujours entièrement pacifique. Il n’existe donc fondamentalement pas de “militarisation potentielle” de ce programme. Nous ne négocierons PAS sous la pression et l’intimidation », a-t-il écrit sur X.
« La négociation est différente de l’intimidation et des diktats », a-t-il ajouté.
Samedi, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, avait déjà fustigé une politique « d’intimidation », alors que Donald Trump avait brandi la menace d’une intervention militaire.
Les importations de gaz et d’électricité de l’Iran représentent un tiers des besoins énergétiques de l’Irak, pays aux immenses richesses pétrolières mais ravagé par des décennies de conflits et abonné aux délestages quotidiens.
En raison d’impayés irakiens mais aussi d’une hausse de sa consommation domestique, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz à l’Irak, entraînant encore plus de coupures électriques dans le pays de 46 millions d’habitants – surtout l’été, quand les températures dépassent parfois les 50 degrés Celsius.
Approvisionnement « jamais fiable »
L’approvisionnement électrique iranien « n’a jamais été fiable » et a même atteint ses niveaux annuels les plus bas ces trois dernières années, confirme Yesar Al-Maleki, économiste au Middle East Economic Survey.
Mais avec la fin de la dérogation américaine, « l’Irak aura des difficultés à fournir de l’électricité durant les pics de demande estivaux », et des températures amenées à augmenter dès les prochaines semaines, reconnaît-il.
Pour pallier le manque, Bagdad peut notamment se tourner vers « des fournisseurs d’électricité indépendants » de la région autonome du Kurdistan irakien ou augmenter ses importations d’électricité turque lancées en 2024, a-t-il dit à l’AFP.
Les autorités ambitionnent aussi d’éliminer progressivement d’ici 2028 le torchage de gaz, exploitant ce gaz brûlé sur les champs pétroliers et l’utilisant pour alimenter les centrales électriques irakiennes, et ainsi atteindre l’autosuffisance énergétique.
Le gouvernement du premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, porté au pouvoir par une coalition de partis pro-Iran, rappelle régulièrement que son pays veut diversifier ses sources d’énergie.
« Opportunités pour les entreprises américaines »
L’ambassade américaine à Bagdad a indiqué que les importations d’électricité de l’Iran représentaient en 2023 « seulement 4 % de la consommation électrique en Irak ».
« La transition énergétique de l’Irak offre des opportunités aux entreprises américaines, disposant d’une expertise à la renommée mondiale pour accroître la productivité des centrales électriques », ajoute le communiqué américain.
La dérogation qui n’a pas été renouvelée concerne uniquement l’électricité, selon Yesar al-Maleki : « Les importations de gaz relèvent d’une législation américaine distincte. Reste à voir si Washington va décider de les annuler par la suite. »
Cité samedi par l’agence étatique INA, le porte-parole du gouvernement irakien, Bassem al-Awadi, assurait que les autorités se préparaient « à tous les scénarios », y compris le recours à des navires transportant du gaz naturel liquéfié.
La démarche de Washington intervient à un moment où les tensions ont repris avec l’Iran, poids lourd régional disposant d’une influence politique et économique incontournable en Irak.
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