Zelensky reçoit l’émissaire américain après des critiques de Trump

Zelensky reçoit l’émissaire américain après des critiques de Trump

Feb 20, 2025 - 09:36
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Zelensky reçoit l’émissaire américain après des critiques de Trump

(Kyiv) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit recevoir jeudi l’envoyé spécial des États-Unis après avoir essuyé de très vives critiques de Donald Trump, faisant craindre une rupture entre Washington et Kyiv qui dépend crucialement de l’aide américaine pour résister à l’invasion russe.

Après avoir traité M. Zelensky de « dictateur », M. Trump a poursuivi sa rhétorique en faveur de Moscou en affirmant mercredi soir que, dans ce conflit, les Russes avaient « pris beaucoup de territoires » et avaient donc « les cartes en main ».

Le Kremlin, ne cachant pas sa satisfaction, a annoncé jeudi avoir décidé avec Washington d’une reprise du dialogue « sur tous les paramètres », se disant « complètement d’accord » avec la position américaine sur l’Ukraine.

Dans ce contexte hostile, M. Zelensky, affaibli par ce brusque et violent rapprochement entre M. Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, a dit espérer néanmoins un travail « constructif » lors d’une rencontre prévue jeudi à Kyiv avec l’émissaire de M. Trump, Keith Kellogg.

« Notre avenir n’est pas avec Poutine, mais avec la paix. Et c’est un choix pour tout le monde – et pour les plus puissants – d’être avec Poutine, ou d’être avec la paix », a-t-il plaidé à la veille de la rencontre.

À son arrivée à Kyiv mercredi, Keith Kellogg, adoptant un ton plus conciliant, avait assuré comprendre le besoin de « garanties de sécurité » de l’Ukraine.

À quelques jours du troisième anniversaire du début de l’invasion russe du 24 février 2022, M. Zelensky a rappelé que l’Ukraine voulait la fin de cette guerre « depuis ses premières secondes » alors que M. Trump l’a accusée d’avoir lancé le conflit.

Soutien de dirigeants européens

MM. Trump et Zelensky ont échangé ces attaques personnelles inédites après les discussions russo-américaines mardi en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

Donald Trump a ensuite, entre autres, cité de faux chiffres sur la popularité de Volodymyr Zelensky ou l’a encore appelé à convoquer des élections alors que la guerre est toujours en cours, que des millions d’Ukrainiens ont fui à l’étranger et 20 % du territoire est sous occupation russe.

« Dictateur sans élections, Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays », a déclaré mercredi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.  

Avant cette dernière accusation, M. Zelensky avait lui reproché à son homologue américain de vivre dans « un espace de désinformation » russe et d’aider Vladimir Poutine à « sortir d’années d’isolement ».

Face à la violence des accusations de Donald Trump, le dirigeant ukrainien a reçu le soutien de plusieurs dirigeants européens, notamment du chancelier allemand Olaf Scholz et du premier ministre britannique Keir Starmer.

« L’Ukraine est une démocratie, la Russie de Poutine non », a réagi jeudi un porte-parole de l’Union européenne, Stefan de Keersmaecker, ajoutant que M. Zelensky avait été « légitimement élu lors d’élections libres, justes et démocratiques ».

Le premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a lui annoncé qu’il se rendrait à Kyiv lundi, jour anniversaire de l’invasion russe, pour « réaffirmer le soutien de l’Espagne à la démocratie ukrainienne ».

« Peu de choses concrètes »

Si les propos du président américain ont choqué en Ukraine, le Kremlin, sans les commenter directement, s’est réjoui jeudi de cette convergence avec la nouvelle administration américaine.  

« La décision a été prise de procéder à la reprise du dialogue russo-américain sur tous les paramètres », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, ajoutant que Moscou était « complètement d’accord » avec l’approche de Washington concernant le règlement de la guerre en Ukraine.

M. Peskov a toutefois indiqué que, pour l’heure, « peu de choses concrètes » étaient en place, du fait notamment de « désaccords entre Washington et Kyiv », tout en précisant que Washington était toujours la « principale locomotive » qui fournit « la plus grande contribution financière pour alimenter » le conflit en Ukraine.  

Jeudi, Vladimir Poutine s’était quant à lui félicité de la reprise du dialogue russo-américain. Il a indiqué qu’il rencontrerait « avec plaisir Donald », en appelant le président américain par son prénom.  

Donald Trump a de nouveau assuré que les États-Unis étaient en train de « négocier avec succès une fin de la guerre avec la Russie ». « Une chose que – tout le monde l’admet – seuls “TRUMP” et l’administration Trump peuvent faire », selon lui.

A contrario, l’Europe « a échoué à apporter la paix », a-t-il dénoncé.

Face à la perspective d’un éventuel cessez-le-feu, Paris et Londres sont en train de préparer la création d’une force européenne destinée à garantir et assurer la sécurité de l’Ukraine, et qui serait composée de « moins de 30 000 militaires », rapportent jeudi les médias britanniques.  

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