Biden et sa « rhétorique » montrés du doigt

Biden et sa « rhétorique » montrés du doigt

Jul 15, 2024 - 12:30
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Biden et sa « rhétorique » montrés du doigt

(Milwaukee) Assise sur un muret de pierres situé à quelques encablures de l’amphithéâtre de Milwaukee où s’ouvrira ce lundi la convention républicaine, Gail Weiss a fait ce que plusieurs membres de son parti ont fait dans la foulée de la tentative d’assassinat de Donald Trump : montrer du doigt Joe Biden.

« Biden vient de dire qu’il faut mettre Trump dans le centre noir de la cible. Il l’a dit quelques jours seulement avant que cela n’arrive », a déclaré la déléguée suppléante de Floride, peu après son arrivée dans la ville du Wisconsin où l’ancien président acceptera jeudi l’investiture républicaine en tant que candidat présidentiel et où il est arrivé dimanche après-midi.

Cette opinion illustre le gouffre qui s’est creusé entre les deux grands partis américains après un attentat que le FBI ne considère plus seulement comme une tentative d’assassinat, mais également comme un « acte potentiel de terrorisme intérieur ».

Selon les enquêteurs, Thomas Matthew Crooks, le tireur âgé de 20 ans, aurait agi seul, et ses motivations restent encore inconnues. Armé d’un fusil semi-automatique de type AR-15 acheté légalement par son père, l’assaillant a tiré plusieurs coups de feu en direction de la scène où Donald Trump venait d’entamer un discours devant des milliers de partisans rassemblés à Butler, en Pennsylvanie.

L’ancien président a été blessé à l’oreille droite et évacué, le visage maculé de sang. Les tirs ont également fait un mort et deux blessés graves parmi les spectateurs.

En plus de l’arme, les enquêteurs ont récupéré le téléphone du tireur et ce qui pourrait être des engins explosifs « rudimentaires » dans sa voiture.

Appels à l’unité

Au lendemain de cet attentat dont les répercussions pourraient être énormes sur le plan politique, Donald Trump et Joe Biden ont lancé des appels à l’unité, mais celui qui en a été la cible n’a pu résister à la tentation d’en tirer un profit financier.

« En ce moment, il est plus important que jamais que nous restions unis et que nous montrions notre véritable caractère en tant qu’Américains, en restant forts et déterminés, et en ne laissant pas le mal gagner », a déclaré l’ancien président sur Truth Social. « J’aime vraiment notre pays, je vous aime tous, et j’ai hâte de m’adresser à notre grande nation cette semaine au Wisconsin. »

Plus tard dans la journée, et peu après l’annonce par son équipe de campagne d’une pause de ses collectes de fonds en ligne, Donald Trump a envoyé un courriel de sollicitation de dons accompagné d’une photo le montrant le poing en l’air et le visage ensanglanté après la tentative d’assassinat.

« Je suis Donald J. Trump et je ne me rendrai jamais. Je vous aimerai toujours pour m’avoir soutenu », peut-on lire dans le courriel.

Joe Biden, lui, a prononcé une brève allocution en début d’après-midi avant de s’adresser à la nation américaine en soirée en direct du bureau Ovale.

« La rhétorique politique de ce pays s’est enflammée », a-t-il déclaré, assis derrière le Resolute Desk.

Il est temps de calmer le jeu et nous avons tous la responsabilité de le faire.

 Joe Biden

Plus loin dans son intervention, il a placé l’attentat contre Donald Trump dans un contexte plus large qui n’a pas dû plaire aux républicains.

« La violence n’a jamais été la solution, qu’il s’agisse de la foule violente qui a attaqué le Capitole le 6 janvier [2021], de l’agression brutale du mari de l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, de l’intimidation de responsables électoraux, du complot d’enlèvement contre une gouverneure en exercice ou de la tentative d’assassinat de Donald Trump. Il n’y a pas de place en Amérique pour ce type de violence. Aucune exception. »

Joe Biden « responsable », tonnent des républicains

Lors de son intervention d’après-midi, le président Biden avait annoncé la tenue d’une enquête indépendante sur la sécurité et les évènements survenus lors du rassemblement en Pennsylvanie afin de déterminer ce qui n’a pas fonctionné. Et il avait prié les Américains de ne pas sauter aux conclusions concernant les affiliations et les motivations du tireur. Ce dernier était inscrit sur les listes électorales en tant que républicain, mais avait versé 15 $ à un groupe progressiste par l’entremise d’une plateforme démocrate en janvier 2021.

De nombreux républicains ont refusé d’entendre son appel à l’unité ou à la prudence. Ils ont notamment rappelé sa déclaration faite lundi dernier lors d’une conférence téléphonique avec des donateurs démocrates.

« Il y a quelques jours, Biden a dit : ‟Il est temps de mettre Trump dans le centre noir de la cible.” Aujourd’hui, il y a eu une tentative d’assassinat contre le président Trump », a écrit sur X la sénatrice républicaine du Tennessee Marsha Blackburn.

Après avoir fait référence à cette même déclaration du président, la représentante républicaine du Colorado Lauren Boebert a affirmé « que Joe Biden est responsable de la fusillade » de samedi.

Message que le sénateur républicain de l’Ohio J. D. Vance, colistier potentiel de Donald Trump, a répété sur X, sans toutefois limiter sa critique à la déclaration la plus récente du président.

Il ne s’agit pas d’un simple incident isolé. Le postulat central de la campagne de Biden est que le président Donald Trump est un fasciste autoritaire qu’il faut arrêter à tout prix. Cette rhétorique a conduit directement à la tentative d’assassinat du président Trump.

 J. D. Vance, sénateur républicain de l’Ohio, sur X

Cette déclaration a valu au sénateur de l’Ohio d’être lui-même accusé de démagogie.

« Cela devrait absolument disqualifier J. D. Vance de la fonction de vice-président », a écrit sur X Adam Kinzinger, ancien représentant républicain de l’Illinois et critique de Donald Trump.

Trump parmi les grands ?

D’autres ont rappelé les propos de Donald Trump qui ont contribué à des actes de violence, notamment à ceux du 6 janvier 2021 auxquels Joe Biden a fait allusion dans son adresse à la nation.

Cependant, accoudée au bar d’un hôtel cinq étoiles de Milwaukee, Anna Kosmatka a donné raison à ceux qui imputent la tentative d’assassinat de Donald Trump à la rhétorique démocrate.

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