La pression monte sur Donald Trump
La pression monte sur Donald Trump

En pleine guerre commerciale, une levée des boucliers s’orchestre contre Donald Trump, autant de la part de citoyens que de ceux précédemment considérés comme ses alliés. Tour d’horizon.
De Boston au Colorado en passant par la Floride et Houston, des milliers d’Américains ont pris d’assaut les rues pour s’opposer à Donald Trump, samedi dernier. Il s’agissait d’une première manifestation d’une telle ampleur depuis le retour au pouvoir du milliardaire. Ces citoyens se prononçaient contre l’« accaparement du pouvoir » par le président des États-Unis. Le plus gros rassemblement au pays s’est tenu sur l’esplanade près du Capitole, à Washington, où plus de 20 000 manifestants se sont massés. Des manifestations similaires se sont tenues ailleurs dans le monde, à Berlin, Rome, Paris, Londres et au Canada, notamment à Montréal.
Des alliés doutent

PHOTO DREW ANGERER, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Le fondateur de Pershing Square Capital Management, Bill Ackman, en 2016
La chute des marchés boursiers commence à faire craquer la garde rapprochée du président. L’utilisation de nouveaux droits de douane équivaut à déclencher une « guerre nucléaire », dénonce Bill Ackman, un milliardaire gestionnaire de fonds spéculatifs qui soutient pourtant Donald Trump depuis un long moment. « Ce n’est pas ce pour quoi nous avons voté », a-t-il fustigé sur le réseau social X. M. Ackman n’est pas seul. Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, a alerté lundi ses actionnaires que les droits de douane allaient « ralentir » la croissance de la société. L’animateur de balado Ben Shapiro, prorépublicain, a dénoncé sa vision du commerce international « erronée ». Et le sénateur républicain Ted Cruz a exprimé sa crainte d’un « bain de sang » électoral aux prochaines élections de mi-mandat.
Première plainte

PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a présenté une liste de droits de douane réciproques imposés par l’administration Trump, mercredi dernier.
Une entreprise vendant des fournitures de papeterie de la Floride, Simplified, est devenue une pionnière jeudi dernier, étant la première à contester devant les tribunaux les droits de douane imposés à la Chine. Selon sa fondatrice, Emily Ley, ces droits ont été imposés illégalement et menacent la survie des petites entreprises américaines. Ces droits de douane marqueront « la fin de nombreux rêves américains », décrie-t-elle. « Le Congrès a adopté l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) pour faire face à des menaces extérieures, pas pour signer un chèque en blanc aux présidents afin qu’ils puissent décider de leur politique économique intérieure », peut-on lire dans la plainte.
Quatre récalcitrants

PHOTO J. SCOTT APPLEWHITE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
L’ancien chef des républicains au Sénat Mitch McConnell
Le Sénat américain a adopté la semaine dernière une résolution visant à empêcher Donald Trump d’imposer des droits de douane au Canada, emblème d’une rare contestation de sa présidence, compte tenu de la majorité républicaine qui règne dans la chambre haute du Congrès. La résolution a été adoptée à 51 voix contre 48, elle aurait donc été impossible sans le soutien de 4 républicains et de l’entièreté des démocrates. « Comme je l’ai toujours répété, les droits de douane sont une mauvaise politique, et les guerres commerciales avec nos partenaires sont celles qui touchent le plus les travailleurs », a justifié l’un des quatre sénateurs contestataires, Mitch McConnell, ancien chef des républicains au Sénat.
Opposition juridique

PHOTO JEENAH MOON, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Bureaux du cabinet new-yorkais Paul, Weiss, à Manhattan
Dans une riposte organisée, plus de 500 cabinets d’avocats se sont opposés aux décrets de Donald Trump visant la communauté juridique, considérant qu’ils constituaient une menace grave pour « l’État de droit ». Par ces décrets, le président inflige des punitions aux cabinets qui représentent des causes ou des individus auxquels s’oppose son administration. Il souhaite notamment empêcher leur personnel d’entrer dans les bâtiments fédéraux, comme les palais de justice. Six jours après l’annonce de ce décret, à la fin de mars, le cabinet new-yorkais Paul, Weiss a capitulé, acceptant d’offrir 40 millions de dollars de services juridiques pour soutenir des causes chères à Donald Trump, en échange de la levée de la partie du décret qui le touchait. Les autres cabinets veulent éviter d’avoir à recourir à une telle entente.
Contestation new-yorkaise

PHOTO JOSE A. ALVARADO JR., ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Campus de l’Université Columbia, à New York
Le département de l’Éducation de l’État de New York refuse de se conformer aux exigences de l’administration Trump, qui lui demande d’éliminer son programme de diversité, d’équité et d’inclusion. Pour forcer les écoles publiques à se plier à cette demande, Donald Trump menace de leur retirer le financement fédéral. L’avocat Daniel Morton-Bentley a envoyé une lettre à la Maison-Blanche vendredi dernier, rappelant qu’en vertu de ses interprétations des lois, il n’était pas du ressort du gouvernement fédéral de demander à un État d’éliminer un programme scolaire. New York a beau jeu dans cette affaire, comme ses écoles ne sont financées qu’à 5 % par des fonds fédéraux.
Un juge persévérant

PHOTO DREW ANGERER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le juge fédéral de Washington James Boasberg
Le juge fédéral de Washington James Boasberg sait comment agacer Donald Trump, au point où l’élu souhaite sa destitution. Le magistrat a condamné environ 70 accusés dans les affaires liées aux émeutes du Capitole. Il a ordonné l’arrêt de l’expulsion du pays de plus de 200 personnes, présentées comme des membres du gang vénézuélien Tren de Aragua, accusant le président de faire preuve de « mauvaise foi ». Et plus récemment, il a fait rager Donald Trump dans l’affaire du « Signalgate » quand il a ordonné à des conseillers du républicain de préserver des archives d’une discussion concernant une opération militaire au Yémen.
Soutien populaire décroissant

PHOTO ALEX BRANDON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le président des États-Unis, Donald Trump
Avec Donald Trump, c’est 10 % de droits de douane supplémentaires pour presque toutes les importations, 20 % pour l’Union européenne, mais surtout, 58 % d’Américains insatisfaits. C’est du moins ce que révèle un sondage de l’École de droit de Marquette, mené il y a plus d’une semaine, à la veille de l’imposition de droits de douane réciproques. Selon un sondage du Wall Street Journal, 52 % des citoyens des États-Unis s’opposent aux décisions économiques de Donald Trump. En octobre, seulement 40 % étaient défavorables à ses idées en la matière.
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