Les forces kényanes encore peu visibles à Port-au-Prince

Les forces kényanes encore peu visibles à Port-au-Prince

Jul 29, 2024 - 09:53
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Les forces kényanes encore peu visibles à Port-au-Prince

Port-au-Prince) Les écoles, les commerces et la circulation reprennent tranquillement à Port-au-Prince après un printemps marqué par les violences de groupes criminels armés. L’arrivée de 200 policiers kényans à la fin de juin, et de 200 autres la semaine dernière, suscite de minces espoirs d’un retour de la sécurité.

Peu de gens osaient s’aventurer au bas de l’avenue John Brown encore le mois dernier. Des piétons, quelques bus et des motos y sont de retour, a pu constater La Presse cette semaine. Ils zigzaguaient lundi entre les immondices empilées au milieu de la rue par des employés du ministère des Travaux publics dépêchés sur place.

Depuis deux semaines, des équipes de nettoyage sont à l’œuvre aux alentours du Champ-de-Mars, théâtre de la plupart des attaques armées en mars et avril derniers.

« Je ne peux pas dire qu’on est vraiment en sécurité », raconte Max Fleury, 44 ans, à côté d’une grosse pile à l’odeur nauséabonde. Pendant des semaines, cette artère centrale de la ville avait été à l’abandon, de mauvaises herbes poussant même au milieu.

Malgré un nouveau calme apparent, il y a toujours de nombreux endroits de la ville où on ne peut se rendre, selon M. Fleury, chef d’une des équipes de curage des égouts.

Il a encore dû traverser plusieurs quartiers contrôlés par des groupes armés pour se rendre au travail lundi. L’an dernier, il a même été kidnappé quelques heures avec un collègue par l’un de ces groupes en rentrant du boulot.

M. Fleury prévient d’ailleurs qu’il y a encore des membres de bandes criminelles armées dans certaines rues environnantes. Il y aurait aussi toujours près de 600 000 personnes déplacées en raison des attaques armées dans le pays, dont des dizaines de milliers dans des camps à Port-au-Prince.

Le gros du territoire de la banlieue nord et de la banlieue sud de la capitale a été abandonné par les autorités. La majeure partie du centre-ville, où se termine l’avenue John-Brown, est aussi sous l’emprise de groupes criminels. Très peu de gens osent encore s’aventurer dans ce lieu pillé et saccagé.

La semaine dernière, près d’une dizaine de véhicules blindés de la force kényane ont effectué une première patrouille au centre-ville en collaboration avec la police haïtienne. Aucune opération d’envergure n’a par contre encore été signalée.

Au total, 1000 policiers kényans devraient être en Haïti d’ici la fin de l’année. Environ 330 agents de pays des Caraïbes, principalement de la Jamaïque, doivent aussi arriver d’ici quelques semaines.

Ceux-ci ont reçu une formation d’un mois de militaires canadiens en avril à la demande du gouvernement jamaïcain. L’arrivée de troupes du Bénin, du Tchad et du Bangladesh, entre autres, est aussi prévue pour cette force multinationale sanctionnée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

« Le bon Dieu ne peut pas laisser ça continuer »

À quelques mètres de l’équipe de M. Fleury, Darline* observe l’opération de nettoyage en attendant sa fille. Cette dernière doit terminer d’ici quelques minutes son premier examen du ministère de l’Éducation pour la fin de son parcours primaire.

Les examens nationaux ont été retardés dans tout le pays en raison des attaques sur Port-au-Prince durant l’année scolaire. Le bâtiment de l’école de sa fille, au cœur du centre-ville, a aussi dû être abandonné et les cours déplacés durant l’année.

« Les choses vont changer avec l’arrivée des forces kényanes », croit-elle, assise sur les marches à l’entrée d’un commerce. « Le bon Dieu ne peut pas laisser ça continuer. »

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