Un juge lance des mandats d’arrêt contre d’anciens dirigeants pour corruption
Un juge lance des mandats d’arrêt contre d’anciens dirigeants pour corruption
(Port-Au-Prince) Un juge haïtien a lancé des mandats d’arrêt contre plus de 30 hauts fonctionnaires accusés de corruption gouvernementale, dont plusieurs anciens présidents et premiers ministres.
Les mandats d’arrêt, lancés vendredi et divulgués sur les réseaux sociaux en fin de semaine, accusent ces responsables de détournement de fonds ou d’équipements liés au Centre national des équipements d’Haïti.
Ce centre est chargé d’utiliser des machines lourdes pour des tâches telles que la construction de routes ou le déblayage des décombres, notamment après un tremblement de terre.
Parmi les personnes visées par les mandats d’arrêt figurent les anciens présidents Michel Martelly et Jocelerme Privert, ainsi que les anciens premiers ministres Laurent Lamothe, Jean-Michel Lapin, Evans Paul et Jean-Henry Céant. L’ancien premier ministre Claude Joseph, qui était au pouvoir lorsque le président Jovenel Moïse a été assassiné en juillet 2021, est également accusé.
Aucune des personnes citées dans les mandats d’arrêt n’a pu être jointe dans l’immédiat pour commenter, bien que MM. Privert, Lapin et Joseph aient publié des déclarations niant les allégations.
Personne n’a été arrêté dans cette affaire.
Le juge demande que les accusés le rencontrent pour un interrogatoire pendant que l’enquête se poursuit, mais seul Claude Joseph a jusqu’à présent comparu devant le tribunal.
Il est courant que des responsables du gouvernement haïtien accusés dans une affaire pénale ou civile ignorent systématiquement les mandats d’arrêt ou les demandes d’interrogatoire. Ils ne s’exposent alors à aucune sanction, car ils accusent les juges de persécution politique.
Il est également rare qu’un haut responsable haïtien soit accusé de corruption, et encore moins jugé pour ce crime.
Le journal local Le Nouvelliste a obtenu copie d’un communiqué publié par l’ex-premier ministre Jean-Michel Lapin dans lequel il déclare n’avoir jamais été officiellement informé du mandat d’arrêt. Il a également déclaré qu’à aucun moment au cours de ses 32 années de carrière politique il ne s’était impliqué dans le Centre national des équipements.
De son côté, l’ex-président Jocelerme Privert a publié une déclaration accusant le juge d’agir de manière malveillante et irréfléchie. Il soutient également que le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, « n’a aucune compétence sur les actions entreprises par les présidents, les premiers ministres et les ministres dans l’exercice de leurs fonctions ».
L’ex-premier ministre Claude Joseph a écrit lundi sur la plateforme X qu’il rencontrerait le juge, même s’il a rejeté toute association avec le Centre national des équipements.
« Personne, quel que soit le poste que vous occupez dans l’État, n’est au-dessus des lois », a-t-il écrit. « Si un juge décide d’abuser de sa fonction en abusant de la justice, c’est son affaire. Je ne mépriserai pas la justice de mon pays. Je serai présent. »
Aucun autre détail sur l’enquête n’était disponible dans l’immédiat.
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