Les tractations s’intensifient sans solution évidente à l’horizon

Les tractations s’intensifient sans solution évidente à l’horizon

May 13, 2025 - 09:36
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Les tractations s’intensifient sans solution évidente à l’horizon

Les tractations diplomatiques relativement à la guerre en Ukraine s’intensifient avec l’annonce de la tenue cette semaine de pourparlers directs entre Kyiv et Moscou, une première depuis 2022.

Ce qu’il faut savoir

  • Des pourparlers directs se tiendront jeudi en Turquie entre Kyiv et Moscou en vue de mettre un terme à la guerre en Ukraine.
  • Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, exigeaient que la Russie accepte un cessez-le-feu temporaire avant leur tenue, mais le président américain, Donald Trump, a invité dimanche les deux camps à aller de l’avant malgré tout.
  • Les demandes maximalistes mises de l’avant par la Russie rendent peu probable un dénouement prochain du conflit.

La probabilité que l’exercice mène à une interruption rapide ou même temporaire des combats paraît cependant faible en raison du gouffre qui sépare les positions des belligérants.

Ni le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ni son homologue russe, Vladimir Poutine, ne s’attendent « vraiment » à des avancées notables lors des discussions prévues à Istanbul, prévient Brian Taylor, spécialiste de la Russie rattaché à l’Université de Syracuse.

« Donald Trump pense peut-être que ce sera le cas, mais ça ne reflète pas la situation dans laquelle on se trouve », prévient-il.

À ce stade, la priorité des dirigeants ukrainien et russe semble être d’abord et avant tout de convaincre le chef d’État américain que leur pays veut la paix — contrairement à l’autre.

Les dirigeants de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Pologne ont déclaré samedi à l’issue d’une rencontre à Kyiv avec le président Zelensky que la Russie devait accepter au plus tard lundi un cessez-le-feu de 30 jours, sous peine de se voir imposer de nouvelles sanctions.

Ils disaient agir avec l’appui du président Trump, qui a montré des signes d’impatience envers le président russe au cours des dernières semaines.

Un ultimatum « inapproprié », selon le Kremlin

Plutôt que d’obtempérer, Vladimir Poutine a fait savoir, lors d’une conférence de presse tenue dans la nuit de samedi à dimanche, que son pays était disposé à entamer des « discussions sérieuses » avec l’Ukraine pour résoudre les « causes profondes » du conflit et a proposé de les tenir dès jeudi en Turquie.

Il a prédit qu’un cessez-le-feu pourrait survenir plus tard dans le processus. Un porte-parole du Kremlin a subséquemment déclaré qu’il était « inapproprié » de donner des ultimatums à la Russie à ce sujet.

Bien que Moscou ait opposé une fin de non-recevoir à la demande d’un cessez-le-feu immédiat, le président Trump est intervenu sur les réseaux sociaux pour dire que l’Ukraine devait accepter l’invitation.

Le président Zelensky, sous pression à son tour, a accepté et demandé que le président russe se rende en Turquie pour le rencontrer en personne.

Vladimir Poutine ne se rendra pas sur place, puisqu’une telle rencontre reviendrait à reconnaître la légitimité de M. Zelensky, relève Dominique Arel, spécialiste de l’Ukraine rattaché à l’Université d’Ottawa.

Encore un changement d’idée

Le président Trump, note-t-il, a « encore une fois changé d’idée » face à la stratégie à suivre pour favoriser un dénouement au conflit en laissant de côté l’exigence d’un cessez-le-feu temporaire qu’il venait pourtant de défendre.

Une rencontre tenue en février à la Maison-Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky avait tourné à la foire d’empoigne et mené à une interruption complète du soutien militaire américain, qui s’est avérée de courte durée.

Les deux pays ont ensuite conclu un accord prévoyant une exploitation conjointe des minerais ukrainiens qui a permis de les rapprocher.

La difficile recherche d’un cessez-le-feu, compliquée par les manœuvres de Moscou, a semblé exaspérer l’administration américaine, qui a évoqué l’idée de se retirer carrément du conflit avant de durcir légèrement le ton envers la Russie.

Question budgétaire

Brian Taylor note que la Russie serait ravie que les États-Unis cessent leur médiation et tenterait d’en profiter pour faire des avancées sur le terrain.

En l’absence de l’octroi d’une nouvelle enveloppe budgétaire par le Congrès américain, les transferts d’armes risquent de s’épuiser progressivement dans les prochains mois, compliquant la situation de l’armée ukrainienne.

« L’administration va avoir une décision à prendre s’il n’y a toujours pas de cessez-le-feu ou de plan de paix d’ici là », relève M. Taylor.

Dominique Arel note que les demandes maximalistes de la Russie, qui souhaite notamment démilitariser l’Ukraine et empêcher son intégration à l’OTAN, font en sorte qu’un dénouement négocié du conflit demeure improbable à court terme.

L’imposition de sanctions additionnelles contre Moscou pourrait avoir une incidence dans ce contexte.

Le Sénat américain planche sur la possibilité de cibler économiquement des pays tiers, comme l’Inde et la Chine, qui achètent le pétrole russe depuis le début de la guerre.

Une telle manœuvre ferait mal à Moscou, puisque les revenus pétroliers du pays lui ont permis jusqu’à maintenant de résister aux pressions internationales, note M. Arel.

L’approbation d’une nouvelle enveloppe budgétaire pour fournir des armes à l’Ukraine ou lui en vendre à travers l’entente sur les minerais pourrait aussi représenter un tournant important dans le conflit, note M. Arel.

L’opposition du camp républicain à de nouvelles dépenses militaires pour soutenir l’Ukraine ne constitue pas, dit-il, un obstacle insurmontable.

Il suffirait que le président américain donne son aval à ce changement de cap pour que le Congrès l’approuve. « Ce qui compte, c’est ce qu’il dit, pas ce qu’il a dit avant », estime l’universitaire.

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