Quatre questions à propos du nouveau pape

Quatre questions à propos du nouveau pape

May 9, 2025 - 00:15
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Quatre questions à propos du nouveau pape

Robert Francis Prevost est devenu jeudi le premier pape originaire des États-Unis, sous le nom de Léon XIV. Comment va-t-il se positionner par rapport à son prédécesseur ? Quelles vont être ses grandes priorités ? Décryptage avec deux experts.

Est-ce un choix si surprenant ?

Les deux experts interrogés par La Presse le confirment : Robert Francis Prevost n’était pas parmi les noms qui circulaient ces dernières semaines pour succéder au pape François.

« On ne s’attendait pas à ce choix, mais c’est une personne qui était déjà bien en vue », dit Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire de Québec.

Mais tout bien considéré, ce choix ne sort pas de nulle part. « Les cardinaux souhaitaient que le nouveau pape soit un pasteur, un homme de terrain, ce qu’est le pape Léon », affirme Mgr Pelchat. Il a en effet été missionnaire au Pérou pendant deux décennies.

Robert Francis Prevost est fait cardinal par le pape François en 2023.

Le conclave était également « profondément divisé », indique Marie-Andrée Roy, professeure au département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Plusieurs noms de l’aile très conservatrice circulaient, face à d’autres qui se présentaient fermement dans la lignée du pape François. Dans un tel contexte, choisir quelqu’un d’ouvert, dans le dialogue et dans l’écoute, n’est donc pas si étonnant.

Et aussi, il maîtrise les méandres de la bureaucratie du Vatican. « Ces dernières années, il était à temps plein à Rome. Il connaît très bien le fonctionnement de la Curie [l’organe central du gouvernement de l’Église catholique], ce qui est primordial. Quelqu’un qui ne connaît pas cela et devient pape pourrait avoir beaucoup de difficultés », dit Mme Roy.

Quelle va être sa philosophie ?

Dans son discours, le pape Léon XIV a fait deux références à son prédécesseur, montrant sa volonté de marcher dans ses traces. « Il sera différent du pape François, mais ce qui est rassurant c’est qu’il se situe dans sa continuité », souligne Mgr Pelchat.

Du côté de sa personnalité, il est dépeint comme quelqu’un de discret, d’humble et de mesuré. « Mais il est très chaleureux également », précise Mgr Pelchat.

« Et il est en même temps assez solide et déterminé », ajoute Marie-Andrée Roy, qui a eu l’occasion de le croiser à Rome à quelques reprises.

Selon les deux experts, il va certainement continuer, comme le pape François, à vouloir démocratiser l’Église pour la rendre plus ouverte, plus consensuelle, en accordant notamment plus de place aux femmes au sein de ses institutions. « C’est quelque chose qui sera à surveiller de près », dit Mme Roy.

En ce qui a trait aux personnes issues de la communauté LGBTQ+ – par exemple, sur le mariage des couples homosexuels –, ses positions demeurent pour le moment inconnues. « Mais on peut imaginer qu’il aura une ouverture au dialogue là-dessus », avance Mgr Pelchat.

« J’espère qu’il saura convaincre, rassembler et poursuivre dans la voie de la réforme de l’Église », dit-il. Ce qui peut être un parcours semé d’embûches, comme l’ont montré les controverses qui ont ponctué le pontificat du pape François, rappelle-t-il.

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

La tradition veut que le pape change de nom juste après son élection. « En prenant une nouvelle identité, il montre qu’il se donne entièrement à l’Église », explique Mgr Pelchat.

Mais le choix du nouveau nom est aussi symbolique.

Le nouveau pape a choisi le nom Léon, en référence à Léon XIII. Mort en 1903, ce dernier était connu pour son profond engagement social et pour sa lutte pour les droits des travailleurs.

Pour les deux experts, ce choix montre clairement que Léon XIV souhaite s’engager pour défendre les plus vulnérables.

« Il va certainement accorder une grande importance à la question de la justice sociale », explique Marie-Andrée Roy.

Pourrait-il jouer un rôle sur la scène politique ?

Pour la première fois de l’Histoire, le nouveau pape est américain. Portant la justice sociale en étendard, il pourrait possiblement interpeller l’administration Trump vis-à-vis de ses politiques d’immigration, entre autres.

Quand il n’était encore que le cardinal ou l’évêque Robert Prevost, il a partagé sur X des publications critiquant le vice-président J.D. Vance et le président Donald Trump, en particulier pour leurs positions antimigrants.

Le pape François lui-même avait également critiqué publiquement J.D. Vance pour sa ligne dure sur l’immigration.

« Comme autorité morale, il pourrait faire un certain contrepoids en plaidant pour la paix et l’accueil des étrangers », indique Mgr Pelchat.

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