En France, Marine Le Pen et son parti lancent la contre-offensive

En France, Marine Le Pen et son parti lancent la contre-offensive

Apr 1, 2025 - 09:46
 0  1
En France, Marine Le Pen et son parti lancent la contre-offensive

(Paris) Au lendemain du jugement la décrétant inéligible à deux ans de la présidentielle, Marine Le Pen et son parti d’extrême droite ont lancé mardi une virulente contre-offensive, dénonçant la « tyrannie des juges » et une manœuvre du « système » pour l’empêcher d’accéder au pouvoir.

Face aux attaques de l’extrême droite, y compris de Donald Trump, l’un des plus hauts magistrats de France a défendu mardi cette condamnation en affirmant qu’elle n’était « pas une décision politique, mais judiciaire, rendue par trois juges indépendants, impartiaux ».

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné la dirigeante de 56 ans pour détournement de fonds publics, établissant qu’il y avait bien eu un « système » mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des « économies » au Front national (devenu RN en 2018), en payant avec l’argent du Parlement européen des assistants d’eurodéputés travaillant en réalité pour le parti.

Cette décision, à ce stade, empêche Mme Le Pen de concourir à la présidentielle 2027. Elle a également été condamnée à quatre ans de prison, dont deux fermes aménagés sous bracelet.

« Le système a sorti la bombe nucléaire et s’il utilise une arme aussi puissante contre nous, c’est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections », a-t-elle affirmé devant les députés de son parti, le Rassemblement National (RN).

Le président du parti Jordan Bardella a lui dénoncé une « tyrannie des juges », tout en condamnant « les menaces, les injures ou les insultes » à leur égard, qui se multiplient depuis le jugement. « Tout sera fait pour nous empêcher d’arriver au pouvoir », a-t-il asséné.

Cette condamnation a été critiquée à travers la galaxie nationaliste et populiste mondiale, notamment par le Kremlin, l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro et le président américain, Donald Trump.

« C’est une grosse histoire. […] Elle n’a plus le droit d’être candidate pendant cinq ans alors qu’elle faisait la course en tête », a ajouté Donald Trump, lui-même condamné l’an dernier dans l’affaire des paiements cachés à une actrice de films X alors qu’il était en campagne pour sa réélection.  

La première ministre italienne, Giorgia Meloni a, elle, estimé mardi que la décision de la justice française privait « des millions de citoyens de représentation ».

Calendrier de l’appel

En France, les fidèles de Marine Le Pen n’envisagent pas un renoncement de la candidate.

Considéré comme le principal dauphin potentiel, Jordan Bardella a annoncé « l’organisation ce week-end de distributions de tracts et mobilisations pacifiques ». Le RN a également lancé lundi une pétition de soutien, avec le mot d’ordre « sauvons la démocratie, soutenons Marine ».

« Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi », a lancé Marine Le Pen dans son entrevue au journal télévisé de la chaîne privée TF1, suivie par environ 8 millions de téléspectateurs lundi soir.

Elle a notamment demandé une audience en appel rapide, espérant qu’une décision plus clémente lui permette d’être sur la ligne de départ en 2027.

La question est au cœur de l’avenir politique de Marine Le Pen, mais les délais habituels de la justice française ne semblent pas de nature à éclaircir son horizon.

Le procès en appel ne devrait pas se tenir, au minimum, avant un an, avec une décision plusieurs semaines plus tard, soit pas avant la fin 2026, à quelques mois de la présidentielle. Et sans garantie que la cour d’appel rende une décision différente de celle du tribunal.

Le ministre français de la Justice a déclaré mardi souhaiter que le probable procès en appel de Marine Le Pen soit organisé dans « un délai le plus raisonnable possible ».

« Je souhaite personnellement que si Mme Le Pen interjette recours, ce jugement nouveau à la Cour d’appel de Paris puisse être organisé dans un délai le plus raisonnable possible », a déclaré Gérald Darmanin, ajoutant qu’« il appartiendra à la Cour d’appel de Paris, parfaitement indépendante dans son organisation, de fixer la date de cet appel ».

« Nul n’est au-dessus des lois »

Outre la peine de prison et l’inéligibilité, Marine Le Pen a également été condamnée à une amende de 100 000 euros (environ 155 000 dollars canadiens).

Le tribunal de Paris a « pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait que soit candidate à l’élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance », a justifié sa présidente.

Vingt-trois autres personnes ont été condamnées, ainsi que le parti RN.

Le montant total des détournements s’élève à 4,4 millions d’euros (6,8 millions de dollars canadiens), dont 1,1 déjà remboursé.

La décision de justice a aussi clivé la classe politique française, certains à gauche et à droite regrettant la décision des juges, tandis que les socialistes ont appelé au respect de la loi.

What's Your Reaction?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow