Le Parlement déserté par crainte de frappes russes

Le Parlement déserté par crainte de frappes russes

Nov 22, 2024 - 10:03
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Le Parlement déserté par crainte de frappes russes

(Kyiv) Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein cœur de Kyiv, au lendemain du tir par la Russie d’un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l’adresse de l’Occident.

Après ce tir, le président russe s’était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l’escalade sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un « caractère mondial » et menacé de frapper les pays alliés de Kyiv.

L’OTAN et l’Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, Kyiv disant attendre des décisions « concrètes » de ses alliés.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a « annulé » sa séance en raison de « signaux sur un risque accru d’attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir », ont expliqué plusieurs députés à l’AFP.

En plein cœur de Kyiv, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale a jusqu’à présent été épargné par les bombardements. L’accès y est strictement contrôlé par l’armée.

Le porte-parole du président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l’administration présidentielle « travaillait comme d’habitude en respectant les normes de sécurité habituelles ».

« Toujours peur »

La veille, la Russie a frappé l’Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu’à 5500 km), baptisé « Orechnik », qui ne portait pas de charge nucléaire. Une réponse, selon Vladimir Poutine, à deux attaques ukrainiennes du territoire russe à l’aide de missiles occidentaux.

À Dnipro, ville du centre de l’Ukraine qui comptait 970 000 habitants avant la guerre et qui a été visée par cette attaque, les habitants interrogés vendredi par l’AFP étaient encore sous le choc, bien que déjà habitués aux frappes russes régulières.

PHOTO FLORENT VERGNES, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un éclat d’obus gît sur l’herbe devant un centre de réadaptation pour personnes handicapées endommagé à la suite d’une attaque russe dans la ville ukrainienne de Dnipro, le 22 novembre 2024.

« Nous avons toujours peur, mais là, c’était différent », a expliqué Janna, 49 ans, qui travaille sur un marché.

Ian Valetov, écrivain, a raconté avoir entendu un « puissant rugissement » et une « série d’explosions ». « C’était très fort. Mon chat s’est réveillé avec une expression incroyablement inquiète », dit-il.

Les autorités ukrainiennes n’ont pas fait état de morts dans cette attaque et sont restées muettes sur les dégâts engendrés. La frappe aurait ciblé une usine du groupe PivdenMach, qui produit notamment des composants pour missiles.

Les journalistes de l’AFP n’ont pas été en mesure de confirmer que cette usine a bien été touchée. Vendredi, le parvis de l’entreprise était vide.

Vladimir Poutine s’était adressé aux Russes jeudi soir à la télévision, évoquant un conflit qui a désormais un « caractère mondial » et menaçant de frapper les pays occidentaux qui fournissent des armes à l’Ukraine.

« Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l’Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie », a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s’est dit persuadé que Washington avait « compris » ce message.

« Impossible à vaincre »

À Moscou, les Russes soutenant le Kremlin interrogés par l’AFP se sont montrés galvanisés par le discours martial de M. Poutine, qui a envahi l’Ukraine en 2022.

« La Russie va tout surmonter […] personne ne pourra la vaincre », s’est enthousiasmé Alexeï Pechtcherkine, plombier de 57 ans, jugeant que Vladimir Poutine « fait tout très bien ».

Le discours du président « a provoqué en moi un sentiment de sécurité », a abondé Alexandre Timofeïev, employé des chemins de fer, 72 ans.

Les capitales occidentales ont pour leur part condamné le tir du missile russe comme une dangereuse « escalade » et condamné la rhétorique « irresponsable » de Moscou sur l’utilisation de l’arme nucléaire. La Chine a appelé à la « retenue ».

Sur le terrain, l’armée russe poursuit ses avancées, revendiquant vendredi la prise de Novodmytrivka, localité au nord de Kourakhové, l’une des villes d’importance qui pourrait bientôt tomber sous sa coupe dans l’est.

Un responsable de l’occupation russe dans cette région a publié une vidéo à proximité de Kourakhové montrant d’importantes destructions, avec des maisons éventrées et des carcasses de voitures le long de la route.

À Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones russes a fait deux morts et 12 blessés, selon le parquet ukrainien.

PHOTO SERVICES D’URGENCE UKRAINIENS, FOURNIE PAR REUTERS

Des pompiers travaillent sur le site d’une zone résidentielle touchée par une frappe de drone russe à Soumy, en Ukraine, le 22 novembre 2024.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s’est lui félicité que ses forces ont « pratiquement fait échouer » la campagne militaire de l’Ukraine pour l’année 2025 en « détruisant ses meilleures unités », notant que les avancées russes sur le terrain se sont « accélérées ».

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