L’ONU s’alarme pour les civils avant l’offensive attendue sur Rafah

L’ONU s’alarme pour les civils avant l’offensive attendue sur Rafah

Feb 26, 2024 - 09:57
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L’ONU s’alarme pour les civils avant l’offensive attendue sur Rafah

Le chef de l’ONU a mis en garde lundi contre la fin des programmes d’aide humanitaire pour la bande de Gaza si Israël lançait une offensive militaire majeure sur Rafah annoncée par le premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui veut faire sortir les civils de la ville surpeuplée pour vaincre définitivement le Hamas.

L’offensive « ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent ; elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide », a prévenu Antonio Guterres, à l’ouverture de la 55e session du conseil des droits de l’homme à Genève.

Adossée à la frontière fermée de l’Égypte, Rafah est l’unique point d’entrée de l’aide humanitaire qui reste « totalement insuffisante » pour le petit territoire palestinien, plus de quatre mois après le début de la guerre à Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a-t-il souligné.

Autre développement lundi, le gouvernement de l’Autorité palestinienne a remis sa démission au président Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, depuis la prise de contrôle du Hamas à Gaza en 2007.

De nombreux pays, notamment les États-Unis, principal allié d’Israël, tentent de dissuader le premier ministre israélien d’entrer à Rafah, où s’entassent, selon l’ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés.

Alors que des pourparlers en vue d’une nouvelle trêve se poursuivent au Qatar, M. Nétanyahou défend une opération terrestre contre ce qu’il présente comme le « dernier bastion » du mouvement islamiste.  

Il a assuré dimanche sur CBS que la « victoire totale » sur le Hamas ne serait alors qu’une question de « quelques semaines », soulignant qu’une trêve ne ferait que « retarder » l’offensive.

« De la place » au nord

L’armée a présenté lundi au cabinet de guerre « un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir », selon le Bureau du premier ministre.

Aucun détail n’a été fourni sur cette évacuation, mais M. Nétanyahou avait précisé dimanche sur CBS qu’il y avait « de la place » pour les civils « au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat ».

Ces zones restent pourtant sous le feu israélien. Un correspondant de l’AFP a signalé plusieurs frappes aériennes nocturnes sur Rafah, Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah, et à Zeitoun, près de Gaza-Ville (nord).  

Dans ce secteur, l’armée israélienne a rapporté lundi des combats acharnés dans lesquels « environ 30 terroristes » avaient été tués la veille.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les frappes ont fait 92 morts, le gouvernement du mouvement islamiste précisant que 15 membres d’une même famille avaient péri dans une maison à Gaza-Ville.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand le Hamas a lancé une attaque sans précédent sur le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages, dont 31 seraient morts, y sont encore retenus.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas qu’il considère, de même que les États-Unis et l’Union européenne, comme une organisation terroriste.

L’offensive israélienne a fait 29 782  morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan lundi du ministère de la Santé du Hamas.

Éviter la famine

La bande de Gaza, pilonnée et assiégée par Israël, subit une catastrophe humanitaire majeure. Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées d’une « famine de masse ».

L’aide internationale, dont l’entrée est soumise au feu vert d’Israël, est limitée, et son acheminement vers le nord, où 300 000 habitants risquent la famine, selon l’ONU, est presque impossible en raison des destructions et des combats.

Dans son communiqué, le Bureau de Benyamin Nétanyahou a aussi annoncé que le cabinet de guerre avait approuvé un plan de fourniture d’aide humanitaire « qui empêchera les pillages », sans plus de détails.

Des Palestiniens ont dit à l’AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir alors que les rares convois d’aide atteignant le nord sont pillés par la population.

« Nous mourrons de faim », a lancé à l’AFP Abdullah Al-Aqra, 40 ans, réfugié dans l’ouest de Gaza-Ville après avoir fui Beit Lahia, plus au nord.

« Hier (dimanche), ils ont tiré sur les gens affamés qui tentaient d’avoir de la farine d’un camion d’aide, c’était le premier qui arrivait à Tal al-Hawa », a-t-il raconté en désignant l’armée israélienne.

« Contours » d’un accord

En parallèle, les pays médiateurs négocient avec les deux parties un compromis en vue d’une trêve.  

Des représentants égyptiens, qataris et américains, ainsi que d’Israël et du Hamas, ont repris dimanche à Doha les pourparlers qui « seront suivis de réunions au Caire », selon une télévision proche du renseignement égyptien, AlQahera News.  

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a évoqué dimanche un « terrain d’entente » sur les « contours » d’un possible accord portant sur la libération des otages et « un cessez-le-feu temporaire » lors d’une récente réunion à Paris entre des représentants d’Israël, des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar.

D’après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d’un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoit une trêve de six semaines associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.

Mais Israël exige la libération de tous les otages lors de cette pause, qui ne signifierait pas la fin de la guerre. Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de Gaza et la levée du blocus imposé par Israël depuis 2007.

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