Risque de famine à Gaza, un vote à l’ONU sur l’aide attendu vendredi
Risque de famine à Gaza, un vote à l’ONU sur l’aide attendu vendredi
Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, plus de 410 Palestiniens ont été tués ces dernières 48 heures dans la bande de Gaza, dont 16 vendredi dans un bombardement qui a touché leur maison à Jabaliya (Nord) et cinq dont quatre membres d’une même famille y compris une fillette dans une frappe contre leur voiture à Rafah (Sud).
La guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du groupe palestinien sur le sol israélien le 7 octobre ne connaît aucun répit malgré les pressions internationales, les protagonistes restant inflexibles dans leurs conditions pour une trêve humanitaire.
Pourtant, les organisations de l’ONU ne cessent d’alerter sur la situation catastrophique de la population civile dans le territoire surpeuplé de 362 km2, où les bombardements israéliens par air, terre et mer ont détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population d’après l’ONU.
C’est à partir de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 16 ans, que le Hamas a lancé son attaque sur le sud d’Israël voisin, qui a fait environ 1140 morts en majorité des civils selon un décompte de l’AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d’après Israël.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. Son armée pilonne sans relâche Gaza où au moins 20 057 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tuées et plus de 50 000 blessées selon un dernier bilan du gouvernement du Hamas.
Les habitants de Gaza vont être confrontés à des risques élevés d’insécurité alimentaire, voire de famine, au cours des six prochaines semaines, a averti jeudi un rapport du système de surveillance de la faim de l’ONU.
Environ la moitié de la population devrait se trouver dans la phase « d’urgence » — qui comprend une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité — d’ici le 7 février et « au moins une famille sur quatre », soit plus d’un demi-million de personnes, sera confrontée à la « phase 5 », c’est-à-dire à des conditions catastrophiques, d’après le rapport.
« Expulser en masse »
Deux jours après l’attaque du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, Israël a soumis ce territoire à un siège total et contrôle toute aide qui y entre via le passage de Rafah (Sud) à la frontière avec l’Égypte, et un autre appelé Kerem Shalom entre Gaza et Israël.
Des centaines de camions ont été autorisés à entrer dans le territoire mais l’aide est jugée insuffisante par les ONG et l’ONU et sa distribution reste très aléatoire du fait du pilonnage israélien et des batailles de rue entre soldats israéliens et combattants palestiniens.
De plus, seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore en partie, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Outre les bombardements aériens, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza qui lui a permis d’avancer vers le Sud et de prendre plusieurs secteurs.
Vendredi, elle a déploré la mort de deux soldats, ce qui porte à 139 le nombre de ses militaires tués à Gaza.
Dans des quartiers de Gaza-ville, dont celui de Choujaïya, les combats entre soldats et combattants ont lieu de rue en rue, souvent d’immeuble en immeuble. Israël annonce régulièrement la destruction de tunnels, d’infrastructures du Hamas et la saisie d’armes, et le mouvement palestinien annonce la destruction de chars et de véhicules militaires israéliens.
L’armée a donné vendredi un nouvel ordre d’évacuation aux habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) et des quartiers alentours. « Pour votre sécurité, vous devez vous rendre immédiatement à Deir el-Balah », plus au Sud.
« Alors que les ordres d’évacuation et les opérations militaires se multiplient et que les civils sont soumis à des attaques incessantes, la seule conclusion logique est que l’opération militaire israélienne à Gaza vise à expulser en masse la majorité de la population civile », a jugé dans un communiqué la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les déplacés, Paula Gaviria Betancur, une experte indépendante qui ne s’exprime pas au nom de l’ONU.
« Aucun lieu sûr »
L’aviation israélienne a ciblé de nouveau Rafah, où des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge après des ordres de l’armée de se rendre dans le sud pour éviter les bombardements.
« Nous étions à la maison avec les enfants, et soudain, vers 3 h 30 du matin, nous avons entendu comme un tremblement de terre. La maison s’est effondrée sur nous et nous avons commencé à courir […] L’occupation ment, cette zone est supposée être la plus sûre, mais ils l’ont frappée. Il n’y a aucun lieu sûr », lance Shehda al-Kurd, un habitant de Rafah.
Avant le blocus et le siège de la bande de Gaza, Israël a occupé le territoire palestinien de 1967 à 2005, année de son retrait unilatéral.
Dans ce contexte explosif, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l’acheminement de plus d’aides.
Mais les belligérants restent intransigeants.
Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant « l’élimination » du Hamas.
Vote vendredi ?
À New York, un nouveau texte édulcoré désormais au goût des Américains qui ne voulaient pas d’un appel à une cessation des hostilités devrait être en principe approuvé vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU.
Depuis lundi, ses membres tentent de s’accorder sur un texte pour éviter un veto des États-Unis, des alliés d’Israël.
Sans oublier les craintes d’un débordement du conflit et les tensions ravivées au-delà de la région.
À la frontière d’Israël avec le Liban, les échanges de tirs parfois meurtriers entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, sont quotidiens.
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