Les républicains inculpent le secrétaire à la Sécurité intérieure

Les républicains inculpent le secrétaire à la Sécurité intérieure

Feb 20, 2024 - 15:45
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Les républicains inculpent le secrétaire à la Sécurité intérieure

(Washington) Les républicains à la Chambre américaine des représentants ont inculpé mardi Alejandro Mayorkas, le secrétaire du président Joe Biden chargé de l’immigration, l’accusant d’avoir provoqué une crise à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

C’est la première fois en près de 150 ans que le Congrès décide d’une telle sanction contre un secrétaire. Mais sa destitution reste largement improbable, compte tenu de la majorité démocrate au Sénat.

Les conservateurs avaient déjà tenté de l’inculper il y a une semaine, mais avaient manqué leur coup d’une poignée de voix, lors d’un vote humiliant.

« C’est l’architecte en chef de la catastrophe », avait accusé plus tôt Mike Johnson, le chef républicain de la Chambre des représentants, qui a tranché sur le sort du secrétaire de 64 ans en début de soirée.

Joe Biden a rapidement réagi, en dénonçant, dans un communiqué, un « acte flagrant de politique politicienne qui a pris pour cible un honorable serviteur de l’État ».

« Au lieu d’organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources et de renforcer la sécurité aux frontières », a fustigé le démocrate de 81 ans.

« Manœuvre politique »

Les chances qu’Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l’issue de cette procédure de destitution sont extrêmement faibles, mais la situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à moins de neuf mois de la présidentielle.  

Les républicains, pour la plupart proches de l’ancien président Donald Trump à la rhétorique très anti-immigration, accusent le président démocrate d’avoir laissé le pays se faire « envahir », prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre.

Les démocrates balayent cette procédure d’un revers de main, accusant les républicains de faire du secrétaire un bouc émissaire en pleine année électorale.

L’immigration s’est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour la présidentielle de novembre, qui opposera selon toute vraisemblance le président Joe Biden à son rival républicain Donald Trump.

Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a lui maintes fois rejeté les accusations des républicains, leur reprochant avec la procédure de destitution de « gaspiller du temps précieux et l’argent des contribuables ».

La dernière inculpation d’un ministre par le Congrès remonte à… 1876. Le ministre de la Guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution.

La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un secrétaire, ou des juges fédéraux en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ».

La procédure se déroule en deux étapes.

Sauvé par un élu pieds nus

D’abord, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au secrétaire : c’est ce qui s’appelle « impeachment » en anglais.

C’est ce vote qui a eu lieu mardi soir.

Trois parlementaires républicains avaient fait savoir avant le scrutin qu’ils voteraient contre, estimant la sanction largement disproportionnée.

Les républicains ne pouvaient pas se permettre une défection de plus, compte tenu de la majorité extrêmement mince qu’ils possèdent à la Chambre.

L’« impeachment » a finalement été adopté à 214 voix contre 213.

Le 2 février, l’état-major républicain pensait avoir un nombre suffisant de voix pour remporter ce vote, mais avait été pris de court par l’arrivée surprise dans l’hémicycle d’un élu démocrate, Al Green, pourtant en convalescence en raison d’une opération à l’abdomen.

L’élu de l’Arizona a déboulé en fauteuil roulant en plein vote, pieds nus et en tenue d’hôpital, faisant finalement pencher la balance en faveur des démocrates.

Les républicains ayant cette fois réussi leur pari, le Sénat, chambre haute du Congrès, fera le procès du secrétaire.

Au terme des débats, les 100 sénateurs voteront sur chaque article. Il faut une majorité de deux tiers pour condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel.

Dans le cas contraire, Alejandro Mayorkas sera acquitté.

En tout état de cause, le Sénat américain est actuellement aux mains des démocrates, ce qui rend une destitution du secrétaire très improbable.

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