Les frappes se poursuivent à Gaza, au moins 81 morts dans la nuit à Khan Younès

Les frappes se poursuivent à Gaza, au moins 81 morts dans la nuit à Khan Younès

Jan 17, 2024 - 11:06
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Les frappes se poursuivent à Gaza, au moins 81 morts dans la nuit à Khan Younès

Israël, en guerre contre le Hamas, bombarde mercredi encore la bande de Gaza, qui suite à un accord entre les belligérants, attend de recevoir des médicaments pour les otages israéliens en échange d’une aide humanitaire pour la population palestinienne.

Des témoins ont notamment parlé de bombardements dans la nuit près de l’hôpital Nasser à Khan Younès (sud) où se cachent, selon l’armée israélienne, des responsables du Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Un correspondant de l’AFP a également fait état d’une série de frappes nocturnes dans cette ville.

Évoquant « la nuit la plus difficile et la plus intense à Khan Younès depuis le début de la guerre », le mouvement islamiste palestinien a fait état d’au moins 81 morts dans la nuit dans cette ville et ailleurs dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire est jugée « catastrophique » par l’ONU qui parle de « risque de famine » et d’« épidémies mortelles ».

Les Israéliens « nous ont dit d’aller au sud, on est allé au sud, mais il n’y a aucun endroit sûr à Gaza, ni au nord, ni au sud, ni au centre. Tout est pris pour cible, c’est dangereux partout », se désole Oum Mouhammad Abou Odeh, qui a fui Beit Hanoun (nord) pour se retrouver à Rafah, dans le sud à la frontière avec l’Égypte.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’environ 1140 personnes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

Des Palestiniens attendent de recevoir de la nourriture.

Quelque 250 personnes ont été prises en otages et emmenées à Gaza lors de l’attaque, dont une centaine ont été libérées à l’occasion d’une trêve fin novembre. Selon les autorités israéliennes, 132 sont encore dans le territoire palestinien, dont 27 seraient morts.  

En représailles, Israël a promis d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Selon un bilan communiqué jeudi par le ministère de la Santé du Hamas, 24 448 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents y ont été tués dans les opérations militaires israéliennes.

L’armée israélienne a annoncé mercredi la mort de deux soldats, portant désormais à 192 le nombre de ses militaires tués à Gaza.

Médicaments contre aide

Mardi, le Qatar a annoncé un accord entre Israël et Hamas, négocié conjointement avec la France, « portant sur l’entrée de médicaments […] pour les otages en échange d’une cargaison d’aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza ».

Selon Doha, les médicaments et l’aide à destination de Gaza devaient être envoyés mercredi à Al-Arich, en Égypte, « à bord de deux avions des forces armées qataries ».

Au moins un tiers des otages souffrent de maladies chroniques et nécessitent un traitement, selon un rapport récent du Collectif des familles d’otages, « Bring them home now » (« Ramenez-les maintenant à la maison »).

Le Hamas a posé mercredi de nouvelles conditions à l’entrée dans la bande de Gaza des médicaments.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Des camions transportant de l’aide humanitaire entrent à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

« Les camions de produits pharmaceutiques rentreront sans inspection israélienne », selon un tweet sur le réseau social X d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza.

« Nous avons posé plusieurs conditions » que Moussa Abou Marzouk détaille dans ce tweet.

Outre l’inspection des camions, « pour chaque boîte de médicaments » qui ira aux 45 otages auxquels ils sont destinés, « mille boîtes iront aux habitants de Gaza » ; « Les médicaments seront fournis via un pays en lequel nous avons confiance, le Qatar et non la France comme Israël le demandait ».

Une fois entrés dans la bande de Gaza, les médicaments, qu’ils soient destinés à la population ou aux otages, seront « acheminés dans quatre hôpitaux différents de la bande » de Gaza. Enfin, le Hamas réclame « davantage d’aide et de médicaments ».

« Nous seuls [et non la partie israélienne] avons déterminé la quantité de médicaments qui devait entrer, qui devait être l’intermédiaire, et quel devait être le mécanisme de distribution », a assuré M. Abou Marzouk.

Le processus habituel est le suivant : l’aide humanitaire provenant d’Égypte transite par le passage de Rafah, puis est inspectée par les Israéliens au point de contrôle de Kerem Shalom, entre Israël et le petit territoire palestinien. Il retourne ensuite à Rafah avant de finalement entrer dans la bande de Gaza.

Interrogé sur cette question des inspections du convoi de médicaments, le porte-parole du gouvernement israélien Eylon Levy n’a fait aucun commentaire.

Selon une source sécuritaire en Égypte, un avion transportant ces médicaments est arrivé mercredi depuis le Qatar à El-Arish, près de Rafah.

À Nir Oz, un kibboutz proche de la bande de Gaza, ce collectif organise un anniversaire symbolique pour le plus jeune otage, Kfir Bibas, qui aurait dû fêter jeudi, son premier anniversaire.

PHOTO MENAHEM KAHANA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des décorations d'anniversaire et un gâteau avec une photo de Kfir Bibas, le plus jeune otage enlevé par le Hamas.

Le Hamas a annoncé en novembre la mort du bébé, de son frère et de sa mère. Les autorités israéliennes ne l’ont pas confirmée et leurs proches s’accrochent à l’espoir qu’ils sont en vie et qu’ils seront libérés.

« C’est fou de prévoir l’anniversaire de quelqu’un qui n’est pas là, de mettre tous ces ballons, de faire des gâteaux », lâche Yossi Schneider, un membre de la famille.

À Tel-Aviv, des manifestants israéliens antiguerre ont affronté mardi soir la police lors d’un rassemblement contre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et sa guerre à Gaza.

PHOTO AHMAD GHARABLI, AGENCE FRANCE-PRESSE

À Tel-Aviv, des manifestants israéliens antiguerre ont affronté mardi soir la police lors d’un rassemblement contre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et sa guerre à Gaza.

« C’est un cercle vicieux de violence sans fin qui ne mène à rien. Seule une solution politique apportera la paix, l’égalité et la justice dans la région », a déclaré à l’AFP Michal Sapri, une manifestante.

Depuis Davos, en Suisse, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé mercredi Israël, au nom de sa « sécurité », à aider plutôt qu’à entraver l’Autorité palestinienne, qui ne peut pas fonctionner de manière efficace sans ce « soutien ».

Dans sa déclaration en marge du Forum économique mondial, M. Blinken a évoqué « une Autorité palestinienne plus forte, réformée, qui peut efficacement œuvrer pour son peuple […] » et qui aura besoin pour cela du « soutien et l’aide d’Israël et pas [de] son opposition active ».

Frappes au Yémen

Cette semaine, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé que la phase « intensive » des opérations armées dans le sud de Gaza, après celles presque achevées dans le nord, se terminerait « bientôt ».

Entre-temps, les violences se sont étendues à la Cisjordanie occupée. L’armée israélienne a indiqué mercredi avoir tué près de Naplouse dans une frappe aérienne un Palestinien décrit comme le chef d’une « cellule terroriste », qui « prévoyait une attaque terroriste imminente de grande ampleur ».  

Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé la mort de sept personnes dans une frappe de l’armée israélienne, dans le camp de réfugiés de Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie.

En début d’après-midi, un photographe de l’AFP a rapporté de fortes explosions et des tirs d’armes automatiques dans ce camp, alors qu’une vingtaine de soldats appuyés par des drones et de blindés allaient de maison en maison.

Cette guerre exacerbe aussi les tensions régionales.

À la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quotidiens, l’armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du Hezbollah dans le sud du Liban.

L’armée américaine a mené mardi de nouveaux bombardements au Yémen, disant cette fois viser un site depuis lequel les rebelles houthis s’apprêtaient à lancer quatre missiles.

Les houthis ont multiplié les attaques contre les navires marchands en mer Rouge qu’ils disent liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

PHOTO PAZ PIZARRO, AFP

Carte de la mer Rouge et du golfe d'Aden, montrant les divers incidents signalés depuis novembre 2023 dans cette région et les deux navires touchés par des missiles les 15 et 16 janvier 2024.

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