L’UE valide une aide à l’Ukraine de 50 milliards d'euros, Orban lève son veto

L’UE valide une aide à l’Ukraine de 50 milliards d'euros, Orban lève son veto

Feb 1, 2024 - 10:34
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L’UE valide une aide à l’Ukraine de 50 milliards d'euros, Orban lève son veto

(Bruxelles) Les dirigeants européens ont trouvé un accord jeudi sur une aide de 50 milliards d’euros (72,6 milliards CAD) pour l’Ukraine, jusque là bloquée par le premier ministre hongrois Viktor Orban, une annonce immédiatement saluée par Kyiv comme une « victoire commune » sur la Russie.

Le suspense aura finalement été de courte durée lors de ce sommet extraordinaire.

« Unité. L’ensemble des 27 dirigeants se sont mis d’accord sur une enveloppe supplémentaire de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine dans le cadre du budget de l’UE », a écrit le président du Conseil européen Charles Michel sur X (ex-Twitter) dès le début de la réunion.  

« Cet accord garantit un financement stable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine », s’est félicité le responsable belge.

Kyiv a désespérément besoin d’aide pour maintenir à flot son économie, alors qu’une enveloppe d’aide américaine est bloquée au Congrès.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est réjouie d’un « bon jour pour l’Europe ». L’accord est une preuve de la « forte unité » des Vingt-Sept, a insisté le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s’est adressé par visioconférence aux dirigeants européens.

L’aide européenne destinée à l’Ukraine (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons sur quatre ans) est incluse dans une rallonge au budget de l’UE jusqu’en 2027. Ce budget européen révisé sera voté plus tard dans le mois au Parlement européen.

Le sommet avait été précédé d’une réunion autour de Viktor Orban rassemblant le président français Emmanuel Macron, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, ainsi qu’Ursula von der Leyen et Charles Michel, pour trouver un compromis avec le dirigeant nationaliste.

Derrière l’Ukraine « sur le long terme »

« C’est un signal important adressé à l’Ukraine que l’UE se tient derrière vous sur le long terme, jusqu’à la victoire », a réagi la première ministre estonienne Kaja Kallas.

Le compromis trouvé prévoit que soit rédigé chaque année un rapport de la Commission européenne sur l’utilisation des fonds par l’Ukraine, et la possibilité pour les dirigeants dans deux ans, si besoin et à l’unanimité, de demander un réexamen de l’aide.

La Hongrie réclamait de pouvoir procéder à une révision annuelle de ce soutien, mais les autres pays de l’UE ne voulaient surtout pas lui donner de telles occasions réitérées d’opposer son veto.

Orban « a lâché du lest […] il a vu qu’il y avait de l’irritation, qu’il y avait une limite à ne pas franchir », a commenté un diplomate européen sous couvert d’anonymat.

Le dirigeant hongrois, seul parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou après le lancement de l’invasion de l’Ukraine il y a près de deux ans, avait suscité la colère et l’exaspération de ses homologues réunis en décembre dernier en s’opposant à ce soutien financier.

Il a été accusé à Bruxelles de faire du chantage à l’UE pour obtenir le déblocage de fonds européens destinés à son pays, mais gelés par la Commission européenne en raison des manquements à l’État de droit reprochés à Budapest.

En décembre, la Commission avait débloqué quelque 10 milliards d’euros jusque-là gelés, mettant en avant des réformes entreprises par Budapest pour améliorer l’indépendance de ses juges.

Mais plus de 20 milliards de fonds européens sont toujours retenus, en raison d’inquiétudes de Bruxelles portant notamment sur le respect des droits des personnes LGBT+, de la liberté académique et du droit d’asile en Hongrie. Ces fonds comprennent notamment ceux du plan de relance post-COVID-19.

Orban accuse régulièrement la Commission d’agir pour des raisons politiques, et le texte de compromis trouvé jeudi insiste sur la nécessité de « l’impartialité » de toute décision de l’UE sur ces fonds.

À côté de la question du soutien budgétaire à l’Ukraine, le sommet doit également discuter d’une aide militaire supplémentaire de 5 milliards d’euros proposée par Bruxelles. Aucune décision n’est toutefois attendue jeudi sur ce point.

La réunion des 27 se tient sur fond de forte mobilisation du monde agricole : quelque 1200 tracteurs ont envahi les rues de Bruxelles dans un concert de klaxons. Les manifestants faisaient face à la police devant le Parlement européen, où des pneus ont été incendiés et une statue déboulonnée, aux abords des lieux de la réunion des leaders.

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