Un tribunal israélien ordonne la fin de la grève en soutien aux otages

Un tribunal israélien ordonne la fin de la grève en soutien aux otages

Sep 2, 2024 - 11:11
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Un tribunal israélien ordonne la fin de la grève en soutien aux otages

(Jérusalem) Un tribunal israélien du Travail a ordonné lundi la fin immédiate de la grève lancée depuis le matin en vue d’accroître la pression sur le gouvernement du premier ministre Benyamin Nétanyahou pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza.

« Après avoir entendu les opinions des parties et lu les documents déposés, nous donnons un ordre national interdisant la grève qui a été lancée, précisant que la grève doit cesser aujourd’hui à 14 h 30 » (7 h 30 heure de l’Est), a indiqué le tribunal du Travail de Tel-Aviv dans sa décision dont l’AFP s’est procuré une copie.

Le tribunal a estimé pour justifier sa décision qu’il « était clair qu’il s’agissait d’une grève politique », précisant qu’il n’avait trouvé « aucun argument économique » dans les explications de la puissante centrale syndicale Histadrout pour justifier la grève.

Le texte rappelle les propos du chef de la Histadrout, Arnon Bar-David, selon lesquels « nous ne pouvons pas rester les bras croisés pendant que nos enfants sont assassinés dans les tunnels de Gaza ».

Le procureur général israélien, à la demande du ministre des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait saisi le tribunal du travail, arguant que la motivation de la grève était d’ordre politique et ne concernait pas un conflit collectif de travail.

Le président américain Joe Biden a estimé lundi que M. Nétanyahou n’en faisait pas assez pour parvenir à un accord en vue de la libération des otages israéliens détenus par le Hamas à Gaza.

À une question de la presse qui lui demandait si le premier ministre israélien en « faisait assez » pour obtenir un accord, M. Biden a répondu « non ». Il s’exprimait à son arrivée à la Maison-Blanche pour une réunion avec les négociateurs américains impliqués dans ce dossier.

Un mouvement inégalement suivi

Le mouvement de grève était inégalement suivi lundi à la mi-journée.

La centrale syndicale avait appelé dimanche à une « grève générale », dans la foulée de manifestations massives après l’annonce de la mort de six otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza et tués « à bout portant », selon le ministère israélien de la Santé.

« Nous arrêtons tout pour que notre voix soit entendue, pour dire que nous ne voulons rien faire tant qu’ils [les otages] ne sont pas là », a déclaré lundi à l’AFP Michal Hadas-Nahor, 34 ans, lors d’une manifestation à Tel-Aviv.

« J’espère vraiment que cela fera une différence, sinon je ne sais pas comment je peux vivre dans ce pays et élever mes enfants ici », a ajouté cette manifestante.

« Nous voulons que ce gouvernement cesse d’exister, nous voulons des élections, et avant tout nous voulons qu’il signe un accord pour libérer les otages et mettre fin à cette guerre qui est terrible pour les deux camps », a dit à l’AFP Barak Hadurian, un ingénieur de 56 ans.

Plusieurs grandes villes comme Tel-Aviv et Haïfa ont suivi le mot d’ordre de grève, annonçant la fermeture des services municipaux lundi. Des perturbations ont également été enregistrées à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv où les départs ont repris partiellement à 10 h (3 h heure de l’Est) après deux heures d’interruption totale.

Mais le mouvement était inégalement suivi lundi, plusieurs municipalités, notamment celle de Jérusalem, n’ayant pas répondu au d’ordre.

Et dans les localités participant au mouvement, les transports publics, gérés par des entreprises privées, fonctionnaient au moins partiellement. Dans les services gouvernementaux aussi, le débrayage était inégalement suivi.

« Il n’y a pas de réception pour le public aujourd’hui, mais nous travaillons dans les bureaux », a indiqué un employé de la sécurité sociale israélienne à l’AFP sous couvert d’anonymat.

L’employé, opposé à la grève, l’a qualifiée de « scandale » alors que le pays est en guerre, plus de 11 mois après l’attaque du Hamas en Israël qui l’a déclenchée. « La Histadrout se comporte comme un organe politique et non comme un syndicat de travailleurs », a-t-il ajouté.

Parallèlement, des manifestations se poursuivaient lundi dans plusieurs villes pour réclamer un accord sur la libération des otages.

Selon une journaliste de l’AFP, plusieurs manifestants ont été arrêtés à Tel-Aviv alors qu’ils bloquaient la circulation sur une autoroute.

Ces rassemblements avaient réuni la veille plusieurs dizaines de milliers de personnes.

L’offensive se poursuit

Pendant la nuit, des tirs d’obus ont été signalés dans la ville de Gaza, ainsi que des frappes aériennes sur Nousseirat dans le centre du territoire palestinien assiégé et dévasté par près de 11 mois de guerre.

Au moins deux personnes ont été tuées dans une frappe sur un appartement dans le nord de la ville de Gaza, selon la défense civile.

Israël poursuit également son opération militaire lancée mercredi en Cisjordanie, un territoire palestinien séparé de la bande de Gaza et occupé par Israël depuis 1967.

Lundi à Jénine, dans le nord de ce territoire palestinien, des excaveuses israéliennes ont détruit des chaussées, causant d’importants dégâts, selon un correspondant de l’AFP.

Au moins 24 Palestiniens, principalement des combattants, ont été tués par l’armée israélienne en Cisjordanie depuis mercredi, selon le ministère palestinien de la Santé. Tous étaient des « terroristes », selon l’armée israélienne.

Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le Djihad islamique, autre groupe armé, ont déclaré qu’au moins 14 des morts combattaient dans leurs rangs.

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