Cinq morts lors de grandes manifestations pour réclamer le départ du premier ministre

Cinq morts lors de grandes manifestations pour réclamer le départ du premier ministre

Feb 8, 2024 - 09:12
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Cinq morts lors de grandes manifestations pour réclamer le départ du premier ministre

(Port-au-Prince) Cinq employés d’une agence de protection de l’environnement ont été tués mercredi dans des affrontements avec la police en Haïti, où se déroulent depuis plusieurs jours de grandes manifestations pour exiger le départ du premier ministre Ariel Henry, qui aurait dû en théorie quitter le pouvoir mercredi, selon un accord politique signé en 2022.

L’affrontement s’est déroulé près de la capitale Port-au-Prince. Les cinq agents armés de la Brigade de sécurité des aires protégées, un organisme qui s’est récemment mutiné contre le gouvernement, ont fait feu en direction de la police qui a riposté, a déclaré une source policière à l’AFP. Trois autres employés de la même agence ont été arrêtés, a-t-elle ajouté.

Des milliers de personnes manifestent depuis le début de semaine à Port-au-Prince et aux quatre coins du pays pour réclamer le départ du chef du gouvernement.

« Ce mercredi est le jour J. C’est le jour où Ariel Henry doit laisser le pouvoir », a affirmé à l’AFP un chauffeur de taxi moto à Port-au-Prince.

« J’espère qu’il va entendre raison. Dans le cas contraire, la voix du peuple sera écoutée », a promis le manifestant qui n’a pas souhaité donner son nom.

Selon un accord conclu en décembre 2022 après l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, l’actuel premier ministre devait organiser des élections de sorte à laisser le pouvoir ce 7 février 2024 à de nouveaux élus.

Aucun scrutin n’a eu lieu depuis 2016 dans ce petit pays pauvre des Caraïbes et la présidence reste vacante.

Le premier ministre Ariel Henry, au pouvoir depuis 2021, « n’a apporté aucune solution à nos problèmes », a dénoncé un autre manifestant.

« Le pays est pris en otage par des gangs. On ne peut pas manger. On ne peut pas envoyer nos enfants à l’école […] On n’en peut plus », a fustigé ce quadragénaire au chômage, qui n’a pas non plus souhaité donner son nom.

Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, des gangs armés ayant pris le contrôle de pans entiers du pays, et le nombre d’homicides ayant plus que doublé en 2023.

République dominicaine en « état d’alerte »

Les manifestations en cours se tiennent à l’appel de plusieurs partis d’opposition, auxquels se sont joints des agents de la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP), chargée initialement de la protection des forêts et qui est en rébellion avec le gouvernement.

Le 7 février est une date d’autant plus symbolique qu’elle marque en Haïti l’anniversaire de la fin de la dictature haïtienne des Duvalier, en 1986.

Mardi soir, un commissariat de police de Ouanaminthe, dans le nord-est du pays, a été attaqué par un cortège, toujours selon des médias locaux.

D’importants axes routiers ont été fermés et les établissements scolaires du pays sont clos depuis lundi en raison de ces mouvements de contestation.

La République dominicaine voisine a annoncé mercredi être en « état d’alerte » et avoir renforcé la sécurité à ses frontières en raison des manifestations en cours en Haïti.

L’assassinat du président Jovenel Moise en 2021 a plongé le pays le plus pauvre du continent américain encore davantage dans le chaos.

Face à cette crise, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné en octobre son accord pour l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya pour épauler la police haïtienne dépassée par les gangs.

Mais un tribunal de Nairobi a bloqué fin janvier l’envoi par le Kenya de policiers. Le gouvernement kényan a annoncé qu’il allait contester cette décision, le gouvernement d’Haïti assurant, lui, garder espoir.

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