Les agriculteurs commencent des blocages autoroutiers en région parisienne

Les agriculteurs commencent des blocages autoroutiers en région parisienne

Jan 29, 2024 - 10:19
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Les agriculteurs commencent des blocages autoroutiers en région parisienne

(Paris) Encadré par policiers et gendarmes, le blocage de plusieurs grands axes autoroutiers desservant Paris a débuté comme prévu vers 14 h lundi, pour une nouvelle journée nationale de mobilisation des agriculteurs qui entendent obtenir plus du gouvernement de Gabriel Attal.

Au moins quatre autoroutes sont désormais bloquées à quelques dizaines de kilomètres de Paris selon le site Sytadin, dans des opérations encadrées par les forces de l’ordre. Paris elle-même n’est pas bloquée, tout comme le marché vital de Rungis (Val-de-Marne) ou les aéroports parisiens.

L’autoroute A13, qui relie la Normandie à Paris, est désormais bloquée dans les deux sens à environ 60 km de la capitale, vers la gare-péage de Buchelay dans les Yvelines. Les agriculteurs disent être prêts à rester plusieurs jours si leurs demandes ne sont pas satisfaites.

« Le premier ministre nous a fait une mise en bouche, on voudrait qu’il continue de travailler un peu et qu’il nous en fournisse un petit peu plus sur d’autres sujets », dit Arnaud Lepoil, de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.

De l’autre côté de la capitale, à Jossigny (Seine-et-Marne), un blocage de l’A4 a aussi débuté avec l’installation en épi des premiers tracteurs des deux côtés du terre-plein central, ont constaté des journalistes de l’AFP. Ils prévoient groupes électrogènes, toilettes de chantier et braseros – de quoi passer au moins trois jours sur place.

Au total, huit « points de blocage » sur de grandes autoroutes à quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres du périphérique parisien sont prévus par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA).

Selon la gendarmerie, 30 départements sont touchés et 16 autoroutes concernées. Les renseignements territoriaux comptabilisaient à la mi-journée un total de 25 blocages mobilisant 1710 agriculteurs, contre 113 blocages vendredi et 17 500 agriculteurs.

Parallèlement au mouvement des agriculteurs, des opérations escargot organisées par les taxis, qui réclament à l’Assurance maladie une renégociation des conditions de rémunération du transport de patients, bloquent plusieurs axes à Paris, Marseille ou Bordeaux.

Emmanuel Macron fera lundi à 15 h 15 un « point sur la situation agricole » à l’Élysée en présence de plusieurs ministres, avant le conseil des ministres à 16 h.

« Modération »

Le gouvernement laisse faire et encadre les manifestants, mais veut empêcher que les tracteurs n’entrent dans « Paris et les grandes villes », le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin demandant de la « modération » à ses troupes.

Les renseignements territoriaux ont relevé lundi l’« encadrement rigoureux » des actions par les syndicats agricoles et « une certaine forme de coordination avec les autorités pour préserver la sécurité […] et conserver une image favorable d’un mouvement soutenu par la population ».

Parfois débordés par leur base au début d’un mouvement parti du sud-ouest et aux revendications multiples selon les territoires, les filières et les modèles agricoles, les syndicats accompagnent une mobilisation qu’ils veulent voir durer.

Aucune région de France ne sera épargnée par les blocages routiers, a prévenu le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, mais il y aura « des roulements » pour permettre aux manifestants de se reposer, dans l’attente de nouvelles annonces du premier ministre.

Gabriel Attal, qui fera sa déclaration de politique générale mardi, a dévoilé vendredi des mesures d’urgence, dont l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l’agroalimentaire (non nommés) ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Encore insuffisant pour les syndicats, dans une France qui a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et qui importe aujourd’hui un fruit et légume sur deux.

« Mis à part le prix du GNR, il n’y a aucune mesure pour nous, à savoir sur la concurrence, les prix de gros, le négoce, les intermédiaires. C’est pour ça que le mouvement perdure, pour avoir des solutions qui permettent à bon nombre de subsister », résume le vigneron gardois Alexandre Tixador.

« Doucement »

À Lyon, un blocage a débuté « doucement », « le gros des troupes arrivera demain », selon Michel Joux, patron de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.  

Déjà bloquée dans les deux sens entre Chanas (Isère) et Orange (Vaucluse), l’A7 est désormais « coupée » en plusieurs points au sud de Lyon dans les deux sens, selon Vinci Autoroute.  

De sources préfectorales, on signale des blocages sur l’A43 à hauteur de Saint-Clair-de-la-Tour, l’A48 à Grenoble, l’A49 dans la Drôme…  

« On ne veut pas mettre la pagaille tout de suite », car des annonces du gouvernement sont encore attendues, a expliqué Régis Desrumeaux, président de la FDSEA de l’Oise.  

Quant à Rungis, protégée par des blindés de la gendarmerie, une trentaine de tracteurs ont pris la route d’Agen dans la matinée vers le poumon alimentaire de la capitale, à l’appel du syndicat Coordination rurale, avec une arrivée prévue « mardi soir ou mercredi matin », a déclaré à l’AFP Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne.

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