Deuxième jour de trêve après un premier échange d’otages contre des prisonniers
Deuxième jour de trêve après un premier échange d’otages contre des prisonniers

(Jérusalem) Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza s’est maintenu lundi, après un premier échange d’otages contre des prisonniers palestiniens qui a marqué le début d’un long processus devant mettre fin à 15 mois de guerre.
Dès que les armes se sont tues dimanche, l’aide humanitaire a commencé à affluer dans le territoire palestinien en ruines, pendant que des milliers d’habitants de Gaza se précipitaient pour retrouver leur maison.
Au premier jour de la trêve, trois otages israéliennes ont été libérées après 471 jours de captivité dans la bande de Gaza, avant de retrouver leurs proches et d’être hospitalisées « dans un état stable », selon un médecin.
Puis en début de nuit lundi, 90 Palestiniens ont été libérés de la prison militaire d’Ofer, en Cisjordanie occupée, et d’un centre de détention à Jérusalem, en vertu de l’échange prévu lors de cette première phase du cessez-le-feu, qui doit durer 42 jours.

PHOTO RANEEN SAWAFTA, REUTERS
La prisonnière palestinienne libérée Nidaa Zaghebi est accueillie par ses filles après sa libération d’une prison israélienne dans le cadre d’un échange d’otages-prisonniers et d’un accord de cessez-le-feu à Gaza entre le Hamas et Israël, le 20 janvier 2025 à Jénine en Cisjordanie occupée.
Les prochaines libérations auront lieu samedi, selon un responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas. « Trois ou quatre femmes enlevées » seront libérées chaque semaine, selon l’armée.
Durant la première phase, 33 otages israéliens retenus à Gaza doivent être libérés en échange d’environ 1900 Palestiniens détenus par Israël, et l’armée israélienne doit se retirer d’une partie du territoire.
Mais la suite du calendrier reste incertaine. Les termes de la deuxième phase, qui doit voir la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages, doivent être négociés au cours des six semaines à venir.
« Seulement des ruines »
Malgré les risques, des milliers de Palestiniens ont pris la route dimanche, au milieu d’un paysage apocalyptique de ruines poussiéreuses et d’immeubles éventrés.

PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE
Dès que les armes se sont tues, des milliers de déplacés palestiniens ont pris la route dimanche dans la bande de Gaza.
« Nous sommes finalement chez nous. Il n’y a plus de maison, seulement des ruines. Mais c’est notre maison », a témoigné Rana Mohsen, une femme de 43 ans rentrée à Jabalia, dans le nord du territoire.
« Des destructions massives, indescriptibles, jamais vues dans l’histoire », a ajouté Fouad Abu Jalboa, un autre déplacé.
Même scène à Rafah, tout au sud. « Nous n’avons même pas pu trouver l’emplacement exact de nos maisons », a raconté Maria Gad El Haq, déplacée elle aussi par la guerre comme la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants de Gaza.
La trêve est entrée en vigueur à la veille de l’investiture du président américain, Donald Trump, qui a exercé une intense pression sur les deux camps pour qu’un accord soit conclu avant son arrivée à la Maison-Blanche.
Attente anxieuse
Dimanche, les trois otages libérées, Emily Damari, 28 ans, Doron Steinbrecher, 31 ans, et Romi Gonen, 24 ans, ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans la ville de Gaza, au milieu d’une foule de civils et d’hommes en armes.

PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, REUTERS
Des militants du Hamas palestinien se rassemblent autour d’un véhicule alors qu’ils remettent Emily Damari, une otage détenue à Gaza depuis l’attentat meurtrier du 7 octobre 2023, à des membres du Comité international de la Croix-Rouge.
« Selon ses propres mots, Emily est la femme la plus heureuse au monde, elle est revenue à la vie », a témoigné lundi Mandy, la mère de la jeune femme qui a perdu deux doigts pendant sa captivité.
« D’autres familles attendent avec anxiété le retour de leurs bien-aimés », a souligné la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, en appelant toutes les parties à « assurer que les prochaines opérations se déroulent en toute sécurité ».
À Beitunia, près de la prison d’Ofer, des Palestiniens en liesse ont accueilli pendant la nuit les premiers détenus libérés.
La prison, c’était « l’enfer, l’enfer, l’enfer », a affirmé l’un d’eux, Abdoul Aziz Mouhammad Atawneh.
Malgré les incertitudes, l’accord conclu le 15 janvier par l’intermédiaire du Qatar, des États-Unis et de l’Égypte nourrit l’espoir d’une paix durable dans le territoire palestinien, où la guerre avait été déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas dans le sud d’Israël.
Si les deux premières étapes se déroulent comme prévu, la troisième et dernière portera sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts.
« Atteindre un million de personnes »
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a cependant prévenu que Israël se réservait « le droit de reprendre la guerre si besoin ».
La branche armée du mouvement islamiste a affirmé que la trêve dépendait du « respect des engagements » par Israël.
En Israël, après l’émotion suscitée par les premières libérations d’otages, le journal Yedioth Ahronoth craint une suite moins heureuse.
« Certains arriveront sur des brancards et des fauteuils roulants. D’autres arriveront dans des cercueils. Certains arriveront blessés, dans un état émotionnel désastreux qui empêchera la diffusion de certaines images », a écrit l’éditorialiste Sima Kadmon.
Le journaliste Avi Issacharoff a lui dénoncé l’échec du gouvernement israélien à « s’engager de quelque manière que ce soit dans’le jour d’après’la guerre ».
La trêve s’accompagne d’un afflux de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, soumise par Israël à un siège total.
« Après 15 mois de guerre, les besoins humanitaires sont faramineux », a souligné le chef du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), Tom Flechter, en indiquant que 630 camions étaient entrés dimanche à Gaza, dont 300 destinés au nord du territoire.
« Nous essayons d’atteindre un million de personnes dans les plus brefs délais », a déclaré à l’AFP Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial.
L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 91 restent otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée israélienne.
Au moins 46 913 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
What's Your Reaction?






